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Paul-Armand, bourgeois traditionnel en apparence, voit son existence marquée du sceau terrible de la laideur. Toute sa vie, il tentera de se forger une personnalité qui n'est pas la sienne. Tour à tour fils protégé par sa mère, mari d'une femme trop belle, père renié et soldat sans gloire, le noeud de sa douleur ne se trouve-t-il pas aussi dans l'origine de sa naissance ? Dans L'Envers d'une vie, le lecteur est invité à remonter le cours de l'existence de Paul-Armand et reconstitue la métamorphose psychologique et sociale du héros.
Portrait d'un homme qui joue avec son image pour essayer de colmater des fissures douloureuses, ce roman est aussi l'esquisse d'une génération bouleversée et bouleversante née après la débâcle de 1940, et d'un milieu social, cette bourgeoisie française que la guerre d'Algérie et 1968 ont ébranlée jusque dans ses fondements.
Une vie à l'envers
Paul-Armand Delaunay de Coutainville est l'anti-héros parfait : double père, double prénom, double nom, double mariage, double vie et de plus "trop laid pour être aimé, trop moche pour être légitime". Fils trop protégé par sa mère, époux d'une femme trop belle pour lui, soldat engagé revenu traumatisé, il s'est battu toute sa vie pour s'unifier et donner à sa vie un semblant de cohérence.
Le titre de l'ouvrage lui aussi joue double : "l'envers d'une vie" pour mieux comprendre ce qui se cache sous l'apparence de cet homme, ce qui sous-tend sa vie, ses choix, son évolution, ce et ceux qui l'ont construit ou détruit, mais aussi "la vie à l'envers" en détricotant le temps depuis sa mort (le livre s'ouvre sur son avis de décès) jusqu'à sa naissance, par strates de joies et de souffrances comme les chapitres quii structurent le livre.
Si la vie compliquée et douloureuse du héros le rend attachant, j'ai été séduite par la fresque sociale fine et sans complaisance de la bourgeoisie de ces dernières décennies que la guerre d'Algérie et 1968 ont ébranlée jusque dans ses fondements.
D'un trait vif et rythmé, d'un raccourci audacieux, l'auteure croque en quelques mots, un portrait, une situation, puis enchaîne les métaphores bucoliques et s'alanguit dans la description d'un paysage normand, d'une atmosphère qu'elle rend visible, palpable pour rebondir dans la réalité avec des dialogues crus ou tendres.
Caroline Pascal fait jongles les mots avac maestria et simplicité.