Biographie de Mario de Andrade
Poète et écrivain, ethnologue et musicologue, cet intellectuel né à Sao Paulo en 1893 est dans les années vingt, la figure de proue du mouvement moderniste brésilien. Ce dernier apporte un sang nouveau à la littérature brésilienne et déclare la guerre à la domination culturelle occidentale et surtout française : " Nous sommes confrontés au problème actuel, national, moral, humain de brésilianiser le Brésil ", clame Mario de Andrade. Il faut se débarrasser de tout pittoresque et renouer avec " le génie tropical ", non comme divertissement exotique mais comme civilisation. Alors que ses pairs très cosmopolites se rendront dans les grandes capitales européennes à la mode, le poète n'aura fait hors du Brésil que deux sauts de puce, en Bolivie et au Pérou, et ce lors de son parcours amazonien.
Mario de Andrade effectue deux voyages, l'un en 1927 en Amazonie, l'autre en 1928 dans le Nordeste, il en tirera L'Apprenti touriste où il ausculte ce Brésil délivré de son clinquant et de ses oripeaux citadins pour en débusquer la profondeur et déchiffrer ses silences. Lors du premier périple, Mario de Andrade va se noyer dans la réalité intime, indicible, viscérale du Brésil. Le récit est un savant mélange de notes sur ses rencontres parfois incertaines avec les indigènes croisés au fil de l'eau - il va jusqu'à inventer la très poétique tribu des Indiens Do-Mi-Sol - et de remarques piquantes et drolatiques sur la vie du navire qui remonte l'Amazone avec, à son bord, trois femmes très fantasques, très rigolotes et très chics. La chronique du deuxième voyage est bien différente. Ici, le poète se fait ethnologue : il recense le trésor des danses et des coutumes, note les musiques de cette terre laminée, ingrate et dure qui communique sa mélancolie à l'auteur : " J'ai fait et continuerai à faire de la littérature. Mais pas ici... Il vaut mieux m'arrêter. Mon cœur est trop lourd. "