Les nouvelles de ce recueil sont l'oeuvre d'un jeune auteur allemand. De longueurs variables, elles ont en commun des tranches de vie quotidienne où s'invitent l'étrange, le bizarre, voire le glauque. Je ne savais pas trop au début de la lecture si l'auteur avait choisi le domaine du fantastique ou celui de la folie. Puis les différents symptômes de maladies mentales semblent dominer, de la paranoïa au sadisme, de l'hypocondrie à l'agoraphobie, tant et si bien que le lecteur finit par s'en trouver plutôt nauséeux... Les sensations les plus communes finissent toujours par se trouver altérées,
et des séquences dont il n'est pas clair de savoir si elles sont rêvées ou réelles ajoutent au sentiment d'étrangeté. Les plus brèves des nouvelles et celles qui m'ont laissé le plus perplexes étaient plutôt réjouissantes, mais l'ensemble m'a laissé un goût amer qui m'empêche de les recommander.
Mais elles devraient trouver leur public. Dans le même style, j'avais largement préféré les nouvelles d'une jeune auteur et cinéaste américaine, Miranda July, "Un bref instant de romantisme", qui laissaient apparaître plus de tendresse pour les personnages. J'ai pensé aussi en cours de lecture à Yokô Ogawa ou Haruki Murakami, mais sans jamais être autant séduite que par ces deux auteurs japonais. C'est toutefois parmi leurs lecteurs que se trouveront sans doute ceux qui aimeront les textes de Clemens J Setz.
Des nouvelles magiques entre Kafka et Marquez
Clemens J. Setz nous propose ici une œuvre impressionnante. Ce recueil de textes très hétéroclites – parfois courts, parfois longs, touchants ou bien encore dérangeants – nous offre un aperçu du talent et de l'habileté littéraire de son auteur.
Indéniablement, Setz a réussi à créer un style littéraire qui lui est propre, à cheval entre le réalisme magique et l'absurde kafkaïen (voir entre autres les nouvelles « La Balance » et « Les Cartes de visite »).
Un vrai bijou de la littérature allemande contemporaine.