Après l'enterrement de mon mari, les semaines, les mois passent. La maison est morte. Je suis malheureuse. Mes enfants sont tristes. Rien ne vit dans notre famille amputée. Un soir, je suis devant la télé avec les enfants. Nous avons pris l'habitude de cette sorte de dérivatif : des images et des sons qui ne retiennent pas notre attention mais constituent une apparence de vie, cette vie de laquelle nous sommes profondément détachés. Au programme : Le Dîner de cons. Ce soir-là, nous nous sommes surpris à rire, rire : cette sorte de renaissance à la vie. Même le bébé rigole ! Après le film, je monte coucher les enfants et je vais au lit. Je ne parviens pas à chasser l'image de Jacques de ma tête. Je vois le visage de Jacques, ses boucles brunes, et je me noie dans ses immenses yeux bleus. Avant d'avoir vu ce film, toutes mes pensées revenaient, encore et toujours, à la mort de mon mari, à l'enterrement. Ce n'était que nuit et mort. Maintenant, petit à petit, l'image de Jacques s'impose à mon esprit convalescent. Je veux voir cet homme, je veux le rencontrer. Je sais que je le rencontrerai. SENY. Seny va rencontrer Jacques Villeret en 2002. C'est le coup de foudre. Pendant trois ans ils ne se quittent plus. Il l'appelle bébé black, elle l'appelle bébé blanc. A ses côtés, Jacques Villeret l'angoissé recommence un difficile apprentissage, celui de la vie, de l'amour. Puis un soir de janvier 2005, tout s'écroule avec la mort brutale de Jacques Villeret. Seny évoque dans ce livre son parcours émouvant, depuis une enfance difficile au Sénégal, jusqu'à sa rencontre avec Jacques Villeret. Plus qu'un livre d'exorcisme, c'est l'histoire d'une renaissance et le portrait d'un comédien exceptionnel.