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Judith Oriol renouvelle le paysage critique proustien en adoptant une démarche littéraire et culturelle pour étudier les femmes dans une oeuvre qui prend k contre-pied de la misogynie fin de siècle. Elle considère leurs relations et leur vie dans un monde où dominent les hommes, maris ou amants. Ce vaste projet englobe presque tous les thèmes de la Recherche puisqu'il touche à l'amour, à l'amour filial, à la jalousie, au désir Gomorrhe, la mondanité, la mythologie, l'art, la question de la narration appellent d'autres analyses aussi importantes.
Ce travail exclut tous les clivages habituellement mis en application pour caractériser le deuxième sexe : les femmes aimées et les autres, les femmes du monde et les autres, les femmes maternelles et les autres. On étudie d'abord en quoi les femmes de la Recherche sont des personnages d'une poïesis - la transformation poétique du matériau réel qui suggère une fantasmagorie de la Femme. On ,y montre ce qui, pour le narrateur, fonde le mystère et le dédoublement féminins.
Les femmes proustiennes sont ensuite montrées comme les personnages d'une mimesis - le reflet du réel. La femme dans le monde est l'actrice d'une comédie sociale, mais aussi d'une tragédie sexuelle, souvent gomorrhéenne. D'où un jeu de bascule entre un bien-être et un mal-être au féminin. Enfin, on les considère selon la semiosis - l'avènement d'un sens - en exploitant leur passivité en tant qu' " êtres-pour-l'amour ", même indépendants, et leur activité en tant qu' " êtres-pour-l'art ".
Dans ce livre très nouveau, où on apprend autant sur les femmes que sur Proust, c'est donc l'art qui a le dernier mot. Jean-YvesTadié