Ethique et recherche biomédicale - Rapport 2003

Au lendemain de son 20e anniversaire, le CCNE devient autorité administrative indépendante et s'ouvre pour lui une nouvelle ère de responsabilités. De nouveaux défis viendront de la science elle-même. La phase actuelle de développement des neurosciences et des technologies de l'information pose des problèmes plus redoutables encore que ceux de l'expérimentation sur l'homme ou de la reproduction. Il faudra saisir et ne pas esquiver les implications du contrôle des comportements rendu possible par de nouvelles découvertes. Le défi est aussi celui de l'application effective de principes dont le bien fondé a été affirmé. Deux exemples : le consentement informé, auquel l'éthique fait une référence fréquente, comment se formule-t-il vraiment dans les situations réelles ? La France se prévaut d'un principe protégeant les éléments du corps humain en excluant du champ du commerce, mais qu'en est-il vraiment derrière les règles complexes de l'évolution des brevets sur le vivant et y a-t-il, dans les comportements de chercheurs nécessairement ouverts sur le monde, déni de fait des règles nationales ? L'argent et le marché deviennent les sujets éthiques par excellence, tant la répartition des ressources et les choix collectifs pèsent sur l'orientation de la recherche. Comme toutes les institutions modernes, le CCNE vit au défi de la mondialisation. Et le colloque retracé dans cet ouvrage évoque au passage une question qui deviendra au fil du temps plus prégnante. Il existe, de par le monde, une différence culturelle importante, qui concerne d'une part le champ de l'autonomie de la volonté individuelle, d'autre part la place du marché, dans les décisions qui affectent la vie sociale. Si le CCNE devait poser quelques bases d'un langage commun sur ces questions, sa contribution, élaborée à partir des problèmes scientifiques, pourrait aider à la solution de problèmes plus généraux intéressant la société dans son ensemble.