Dans son pays des merveilles, Alice converse avec un lion et une licorne. Dans le nôtre, nous combattons un dragon breton, chassons le dahu vosgien, suivons les traces des dinosaures africains, volons le diamant de la vouivre jurassienne et échappons de justesse au serpent de mer scandinave. Encore faudrait-il parler des licornes, des basilics, des poulpes géants et des nombreux animaux fantastiques qui peuplent notre pays des merveilles comme ils peuplent le cerveau des hommes depuis les origines. Source inépuisable de terreur et de fascination, ils ont inspiré les conteurs populaires comme les écrivains renommés pour donner naissance à une riche littérature dont le lecteur appréciera la fantaisie, la beauté et bien souvent, la sagesse. Car, au terme de ce palpitant, tumultueux et ô combien divertissant voyage, la question que se pose Alice nous viendra aux lèvres : Mais qui est le monstre, au fond ? Qui se cache derrière ces créatures effrayantes, si extraordinaires et en même temps si proches ? L'homme lui-même peut-être, qui n'a cessé de continuer la Création en imaginant des formes monstrueuses sorties de ses peurs primitives, de ses angoisses et de ses obsessions. S'inventer un bestiaire fantastique serait-il une façon détournée d'exorciser la bête qui sommeille dans nos profondeurs en nous allégeant agréablement l'inconscience ? Longue vie au phénix dans ce cas : qu'il renaisse encore et encore de ses cendres.