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Dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles, les complots, conspirations et conjurations ont fait partie des procédés de gouvernement et ont joué un rôle primordial dans la dynamique du pouvoir. Toutefois les images voisines de dissimulation, perfidie et trahison ont fait bannir le mot de l'historiographie, ou bien semblent le réserver aux causes vaincues. L'âge d'or des complots a sans doute été le moment où le secret et la ruse étaient considérés comme des traits essentiels de l'art de gouverner.
Le complot, dans cette logique, aurait été la contrepartie obligée, la voie convenable et mimétique des oppositions. Dans les Etats-cités de l'âge de la Renaissance, le complot a peut-être été le seul moyen de changement des équipes et des clientèles dominantes, tandis que dans les grands royaumes, dotés de dynasties nationales, le complot tendait plutôt à la captation de la faveur du prince. L'analyse de l'événement, de ses préparations et éclats, doit servir de révélateur des véritables lieux du pouvoir.
Elle dira que la prise de tel palais ou de tel quartier, le ralliement de telles magistratures, la maîtrise de telles routes ou de tels cantons représentaient les étapes nécessaires dans une entreprise de conquête de l'Etat. Il s'agit donc dans ce volume de reconnaître un nouvel objet d'enquête historique, dans l'espérance d'un renouvellement de l'histoire politique et institutionnelle des siècles modernes.