Chien du Heaume est le premier roman de ce genre que je lis. Il se situe aux frontières du fantastique, car le voile « merveilleux » (au sens littéraire du terme) est très mince. L'univers dans lequel évolue notre rude héroïne est sombre et empli de dangers embusqués et prend place dans le haut moyen-âge.
Le lecteur peut ainsi suivre l'héroïne dans sa quête pour retrouver son passé. Il peut également admirer la pugnacité dont elle fait preuve pour se tailler une place dans le monde viril et abrupt du mercenariat, souvent à l'aide de sa hache. Une femme comme Chien dans un monde
où les hommes prennent toutes les décisions a de quoi surprendre. Notre héroïne, non content de lutter contre les préjugés et la gent masculine, doit également faire face à des trahisons féminines.
Le style de l'auteur est tout aussi brutal que le monde qu'elle dessine sous sa plume : les dialogues sont brefs et précis et le langage achève de nous y transporter. La brutale réalité du quotidien médiéval s'impose dès le début de la lecture et donne à l'histoire les accents du réalisme.
Seul petit bémol selon moi... la fin est un peu trop rapide comparé au délai de la mise en route de l'histoire.
Passons à la couverture : comme d'habitude, on reconnaît là l’œuvre des graphistes et des maquettistes des éditions Mnémos qui ont comme d'habitude fait un beau travail.
Justine Niogret a sorti en 2011 la suite de Chien du Heaume, intitulé Mordre le Bouclier.
Illustration : Johann Bodin
Conte médiéval
Pour son premier roman Justine Niogret fait dans le court et percutant. Elle nous ouvre les portes d'un Haut Moyen Age glacé, assez loin de la fantasy traditionnelle.
Au delà d'une énième quête identitaire, l'auteur nous immerge dans une ambiance de vieux contes médiévaux où n'ont place ni magie ni preux chevaliers.
A travers le parcours d'une mercenaire, le lecteur découvre toute une galerie de personnages charismatiques, hantés par les échos de combats passés. Boue et sang se mêlent avec sobriété et poésie au coeur de châteaux glacés et de tavernes perdues.
« Ca puait comme dans l'entrefesson d'un diable, une odeur de pourrissement et de mauvaiseté qui prit la guerrière à la gorge. »