" La personnalité et les découvertes de Charcot sont inséparables de son temps. Voilà un grand médecin qui naît sous la Restauration dans un milieu modeste, commence sa carrière scientifique sous le Second empire, meurt en savant honoré et tout-puissant de la Troisième République, et attire dans son salon l'élite politique, mondaine et scientifique. Il a été porté par le grand courant qui, au début du XIXe siècle, donne naissance à l'école de Paris et ouvre la médecine à la science. Interne en 1848, alors que s'est effondrée la monarchie de Juillet, il devient l'élève de Rayer, savant, médecin réputé, et qui sera un familier des Tuileries. Sans doute Charcot a-t-il souffert, un temps, d'un soutien politique trop appuyé, n'obtenant pas la chaire de pathologie médicale qu'il convoitait. Mais, en 1872, il devient professeur d'anatomie pathologique et, dix ans plus tard, c'est pour lui qu'est créée la chaire de clinique des maladies du système nerveux. Charcot en fait un empire, développant son Ecole de la Salpêtrière qui attire des élèves du monde entier. Freud, notamment, sur qui l'enseignement de Charcot eut une influence décisive. Admirable clinicien, il introduit en France les techniques du microscope. Grâce à sa méthode anatomo-clinique, il établit les fondements de la neurologie moderne. Il étend son champ d'étude à l'hystérie et à l'hypnose, ce qui lui valut la célébrité en même temps que de violentes critiques. Tels sont les aspects de l'homme, du chercheur et du créateur qu'évoquent magistralement Michel Bonduelle, Toby Gelfand et Christopher G. Goetz dans un livre qui fera désormais autorité sur Charcot. " Jean Tulard, professeur à la Sorbonne, membre de l'Institut.