Brooklyn - Grand Format

Dans ce roman plein de simplicité, Colm Tóibín suit une jeune femme qui subit sa vie et se laisse faire par son destin, de l'Irlande aux États-Unis. La construction du livre est à l'image de la plume et de la protagoniste : sans ostentation, presque fade. Eilis agace par son inconsistance et son manque de caractère, quoique des vagues d'empathie atteignent parfois le lecteur, va-et-vient semblable au ballet de l'Atlantique ou de la mer d'Irlande (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/08/14/brooklyn-colm-toibin/)

Enthousiaste en refermant ce livre, je reste pourtant dubitative, ne sachant pas si je viens de lire un roman ou un documentaire.

Si c'est un roman, il est traité de façon si précise et si factuelle dans son étude de société que ma frustration romanesque est compréhensible.
Si c'est un document, il est magistral et prévisible car la vie réelle n'est pas un chemin de roses!

Ellis est une jeune irlandaise qui, pour raisons économiques, quitte malgré elle son pays et sa famille, pour tenter un avenir aux Etats Unis. Dans les années 50, c'est encore une aventure, avec une traversée par bateau, et un sentiment de perte des racines et d'exil, avec le simple fil du courrier postal.
La vie de la jeune femme va s'organiser, en deux mondes parallèles, entre son quotidien américain fait de travail, d'étude, et de prémices amoureux, et son attachement atavique irlandais, comme un élastique qui ne casse jamais.
Quand il faudra choisir, aura-t-elle réellement son libre arbitre?

Un livre remarquable par l'intelligence du propos concernant l'exil, la rupture avec le passé, l'intégration, la vison excitante et effrayante d'un avenir inconnu, les choix de vie d'une femme indépendante par son travail et ses sentiments.
Un contexte passionnant de l'Amérique sectaire, au racisme ordinaire, de New York et ses communautés irlandaises, italiennes, leurs codes de vie de "bonnes manières" d'éducation catholique.