-
Passionnant
-
Emouvant
-
Eblouissant
-
XXe siècle
-
Baltimore
En 1988, David Simon a passé 1 an avec les équipes de la section criminelle de la police de Baltimore et en livre dans ce roman un « compte-rendu » fascinant et passionnant par bien des aspects.
C’est tout d’abord fascinant parce qu’on pénètre, en tant que témoin privilégié, comme si nous étions nous-même David Simon, dans un quotidien qui n’en a que le nom : on se retrouve brassé, happé dans le travail journalier de flics qui ne se consacrent qu’aux crimes (et Dieu sait que Baltimore ne doit pas être loin de la première place dans le classement des villes étalon du
crime !). Un quotidien qui n’en a donc que le nom tout simplement parce qu’il est dévoilé comme jamais à un lectorat dont le quotidien en est justement tellement éloigné.
C’est ensuite passionnant parce que David Simon ne se contente (heureusement) pas de nous rendre compte de façon détaillée, méthodique et factuelle de quoi est fait ce quotidien. Il nous plonge aussi dans la nature de ces hommes confrontés chaque jour ou presque à la violence et à la mort : pour la seule année 1988 pendant laquelle se déroule ce récit, la brigade criminelle a dû traiter pas moins de 234 homicides ! Il nous livre une partition humaine dans toute sa splendeur et sa complexité : grandeur aussi bien de la sensibilité et de l’humanité que de la froideur nécessaires à ce métier et décadence de la violence inhérente à ce même métier. Chaque jour ou chaque événement dont il parle est l’occasion pour David Simon de parler aussi d’un homme, de son histoire, de ce qui l’a amené à faire ce métier de flic ou d’un aspect des enquêtes criminelles, du déroulement d’un procès, de l’attitude des jurys, des avocats, des juges, des légistes…
La violence, les hommes de la police y sont confrontés directement et continuellement : à travers les corps découverts, à travers leur relation si particulière et si compliquée avec les habitants de Baltimore emprunte de tensions, de haines, de rapports de force incessant, de partage parfois, à travers les rapports humains internes aux services de polices,…
David Simon parvient à rendre tout cela dans un livre de plus de 950 pages où l’on ne s’ennuie jamais, où l’on regrette de ne pas pouvoir citer mille passages (ceux sur les « règles » non écrites du métier, celui sur le collègue qui s’est fait descendre, celui sur les changements profonds qui sont intervenus en quelques années pour passer d’une police impunie et toute puissante à une police menottée et engoncée, ceux sur l’inspecteur qui s’échine en vain sur le meurtre d’une petite fille…). David Simon rend tout cela grâce à une écriture extrêmement fluide (et une excellente traduction), avec justesse et honnêteté même s’il avoue avoir, bien naturellement en un an de vis commune, noué quelques relations étroites avec les inspecteurs. Il ne se voile pas la face et par conséquent nous ouvre les yeux sur un monde dont on voudrait qu’il se cantonne à la vision que nous en donne les séries télé, bien loin de la réalité décrite dans ce « Baltimore » qu’on ne doit pas ne pas avoir lu.
David Simon réussit le tour de force de transcender la réalité dans un livre qui se lit comme une fiction, une fiction d’un saisissant réalisme, d’une irone féroce et dérisoire, d’une humanité ambiguë. Ce « Baltimore » tient autant du documentaire que du roman noir.
Force reste à la loi ?
En 1988, David Simon a passé 1 an avec les équipes de la section criminelle de la police de Baltimore et en livre dans ce roman un « compte-rendu » fascinant et passionnant par bien des aspects.
C’est tout d’abord fascinant parce qu’on pénètre, en tant que témoin privilégié, comme si nous étions nous-même David Simon, dans un quotidien qui n’en a que le nom : on se retrouve brassé, happé dans le travail journalier de flics qui ne se consacrent qu’aux crimes (et Dieu sait que Baltimore ne doit pas être loin de la première place dans le classement des villes étalon du crime !). Un quotidien qui n’en a donc que le nom tout simplement parce qu’il est dévoilé comme jamais à un lectorat dont le quotidien en est justement tellement éloigné.
C’est ensuite passionnant parce que David Simon ne se contente (heureusement) pas de nous rendre compte de façon détaillée, méthodique et factuelle de quoi est fait ce quotidien. Il nous plonge aussi dans la nature de ces hommes confrontés chaque jour ou presque à la violence et à la mort : pour la seule année 1988 pendant laquelle se déroule ce récit, la brigade criminelle a dû traiter pas moins de 234 homicides ! Il nous livre une partition humaine dans toute sa splendeur et sa complexité : grandeur aussi bien de la sensibilité et de l’humanité que de la froideur nécessaires à ce métier et décadence de la violence inhérente à ce même métier. Chaque jour ou chaque événement dont il parle est l’occasion pour David Simon de parler aussi d’un homme, de son histoire, de ce qui l’a amené à faire ce métier de flic ou d’un aspect des enquêtes criminelles, du déroulement d’un procès, de l’attitude des jurys, des avocats, des juges, des légistes…
La violence, les hommes de la police y sont confrontés directement et continuellement : à travers les corps découverts, à travers leur relation si particulière et si compliquée avec les habitants de Baltimore emprunte de tensions, de haines, de rapports de force incessant, de partage parfois, à travers les rapports humains internes aux services de polices,…
David Simon parvient à rendre tout cela dans un livre de plus de 950 pages où l’on ne s’ennuie jamais, où l’on regrette de ne pas pouvoir citer mille passages (ceux sur les « règles » non écrites du métier, celui sur le collègue qui s’est fait descendre, celui sur les changements profonds qui sont intervenus en quelques années pour passer d’une police impunie et toute puissante à une police menottée et engoncée, ceux sur l’inspecteur qui s’échine en vain sur le meurtre d’une petite fille…). David Simon rend tout cela grâce à une écriture extrêmement fluide (et une excellente traduction), avec justesse et honnêteté même s’il avoue avoir, bien naturellement en un an de vis commune, noué quelques relations étroites avec les inspecteurs. Il ne se voile pas la face et par conséquent nous ouvre les yeux sur un monde dont on voudrait qu’il se cantonne à la vision que nous en donne les séries télé, bien loin de la réalité décrite dans ce « Baltimore » qu’on ne doit pas ne pas avoir lu.
David Simon réussit le tour de force de transcender la réalité dans un livre qui se lit comme une fiction, une fiction d’un saisissant réalisme, d’une irone féroce et dérisoire, d’une humanité ambiguë. Ce « Baltimore » tient autant du documentaire que du roman noir.