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Exposer, présenter des oeuvres dans un espace à un moment défini du temps pose des problèmes non séparés et non réparables de la production artistique contemporaine. Si le "contemporain" a maille à partir avec le présent, rien n'est plus "contemporain" que la question de la présentation ; la prégnance des "cadres" et des marges est tout autre que marginale. Si récemment un débat, voire une polémique sur l'art contemporain, s'est développé avec une ampleur encore amplifiée par les media, le problème de la présentation des oeuvres ne semble pas avoir eu le même succès, alors qu'il est stratégiquement crucial, eu égard au fait désormais presque convenu et reconnu que la production artistique contemporaine joue avec la présentation, et que le fait même d'exposer est en relation directe avec la création.
La notion d'"installation" en est la démonstration, puisque le fait de l'exposition devient le lieu-support de la création. Or, si les artistes prennent en charge, quand les institutions le permettent, les modalités présentationnelles en les intégrant dans le procès de production (nombreuses sont les interventions qui le montrent), les responsables d'exposition affectent un ton neutre, et réduisent au minimum sensible l'appareil de la présentation, laissant par là sous-entendre que les oeuvres se présentent d'elles-mêmes dans une transparence trompeuse.
Ce livre vise à critiquer la revendication de neutralité, d'objectivité dans l'exposition des oeuvres anciennes et modernes, position absolutiste dans son retrait modeste qui fait d'autant plus autorité que celle-ci se love dans son propre effacement. La présentation "blanche" (les murs blancs comme présentoires "standard") servira de leitmotiv, voire d'emblème, à cette critique.