En interpellant directement les absents de l'Ecole, ceux qui la refusent et la fuient, parmi lesquels se trouve une grande partie des enfants d'origine gitane, l'auteur mobilise son expérience d'enseignant et d'inspecteur d'académie. Il entend mettre en lumière et dépasser le dramatique abandon réciproque qui caractérise généralement les relations distantes entre ces familles et l'Ecole quand, devenue fataliste, elle oublie ses principes et ses lois.
Absents ou méfiants, en situation fréquente d'échec scolaire, ces enfants échappent douloureusement, dans l'impuissance et l'indifférence, au projet des enseignants et éducateurs. Néanmoins, la blessure est salutaire : provoquée par ceux qui manquent à l'appel, elle crie l'urgence de s'attaquer aux manquements de l'école, sans tomber dans le piège facile de la caricature puisqu'il s'agit de discerner également le poids des précarités, les torts des familles concernées et les bienfaits du système scolaire.
En effet, grâce à la résistance passive de ces citoyens et de leurs enfants, les paroles qui leur sont adressées, ancrées dans un dialogue, portent la promesse réaliste d'une école pour tous - "Notre Ecole", en somme - incarnant la continuité possible des identités et la fraternité sociale. Elles valorisent, au-delà des Gitans, tous les marginalisés et les stigmatisés de France et d'ailleurs, et les incitent à prendre la parole et des responsabilités, au service simultanément de leurs communautés et de la société démocratique tout entière, dans un mouvement d'adoption mutuelle.
Cet appel intéressera, outre ses destinataires explicites, tous les amoureux de l'Ecole, de la justice, de l'humanité.
