Car ses sculptures ne se vendent pas, car c'est la crise, car le cauchemar n'en finit pas, Patrick a imaginé là un plan parfait : le glacier de la Pilatte, au coeur de l'Oisans, un compagnon de cordée fantôme... et une arnaque à l'assurance-vie qui réglerait leurs problèmes, à Sophie et lui. Mais parti en stop le jour J, il croise la mauvaise voiture, et le voilà disparu pour de bon. Aidée de leur ami Stéphane, sa compagne va tout faire pour le retrouver, quitte à appeler la police...
Face à face entre un arnaqueur et un kidnappeur atypique d'un côté, enquête policière de l'autre, Rouge blanc rose ne laisse aucun répit et ménage ses surprises. Sous forme de puzzle, Jean-Marie Delthil mène tambour battant un thriller imprévisible, immersif, tendu, qui fait la part belle à la psychologie sans sacrifier son rythme de croisière.
Grenoble... les montagnes... le massif de l'Oisans : l'Isère est une région magnifique, lieu de passage s'il en est. Des personnes s'y croisent en grand nombre - deux hommes, eux, n'auraient jamais dû se rencontrer. Je vous invite dans ce roman policier bien incarné et d'aujourd'hui, à voyager parmi monts et vallées, mais aussi dans les méandres et les replis de l'âme humaine. Point-là de réponses toutes faites ni de portes ouvertes à enfoncer, mais vous découvrirez plutôt au fil des pages de cet ouvrage que la vie est mouvante (émouvante, aussi !), surprenante, non-écrite à l'avance, et que tout peut arriver d'une manière ou d'une autre.
En quelques mots, "Rouge blanc rose" traite de plusieurs sujets, de plusieurs réalités bien actuelles : de la crise économique, mais peut-être plus encore de la crise et des crises personnelles, interpersonnelles, existentielles - poussées ici plus ou moins à leurs paroxysmes. L'ouvrage évoque également et fort heureusement l'amitié, la complicité, la tendresse qui peuvent naître face à une situation difficile et même insupportable.
Le début du livre dépeint un fait de guerre ; nous nous retrouvons ensuite sans transition en 2010, à Grenoble. J'ai écrit l'ouvrage sur place, en temps réel. Je crois que le coeur du récit : c'est ce face à face qui va durer, s'intensifier... entre deux personnages, entre deux hommes de générations différentes, que tout oppose ou presque, et un combat va s'établir ici, sur leur rapport et le rapport à la différence, à la perception de la réalité - à son acceptation ou non.
Il y a également, au fil des pages, l'expression d'un travail sur le passé, sur la transmission, sur l'héritage des faits : un questionnement sur nos actions, sur leurs portées et conséquences, sur notre responsabilité ; sur notre liberté et notre libre arbitre vis-à-vis de tout cela. La fin de l'ouvrage est plutôt positive, mais ne fait pas l'économie d'un "travail" tendu, exigeant et parfois épuisant, riche en renversements, entre les protagonistes.
Il y a fort heureusement, dans cette histoire, de la légèreté et quelques bons traits d'humour !... de très belles scènes de haute montagne, également. "Rouge blanc rose" n'est pas seulement un roman policier, mais c'est encore un ouvrage qui nous parle de psychologie profonde, d'humanité intense, de vie, des autres et de nous-mêmes. "Rouge blanc rose" surprend et peut véritablement réveiller le lecteur, produire en lui un je-ne-sais-quoi de salutaire et d'étonnant !