Main basse sur les programmes de l'enseignement?

" Le contenu de nos programmes n'est pas une simple affaire de pédagogie, l'élève est un moyen de politique indigène ", Jules Brévié, gouverneur général de l'AOF. Cette déclaration fait échos à celle de Jules FERRY : " la politique coloniale est fille de la politique industrielle ". La loi cadre-Deffere de 1956 confère l'autonomie aux colonies françaises d'Afrique mais réserve certains domaines de souveraineté au pouvoir central de la métropole : les programmes de l'enseignement en font partie.
Pourquoi ? Cinquante ans après les " indépendances ", aucune réforme de fond n'a jamais eu lieu. La Sainte Alliance, les campagnes Napoléoniennes ou l'étude du Latin sont encore au programme tandis que la bataille d'Adoua ou les sciences endogènes ne font toujours pas partie du programme. Ces programmes n'apprennent pas aux Africains à se connaitre eux-memes et à connaitre leurs propres interets. De meme, ces programmes n'apprennent pas aussi comment créer, produire et innover.
Partant, comment se soustraire de la dépendance à l'égard de l'extérieur. Comment l'homme Africain peut-il reprendre l'initiative historique dans un contexte d'enseignement où il est appelé à réfléchir à partir des éléments qui sont étrangers à son environnement et à sa culture ? L'avenir d'un peuple est lié à l'orientation de son système éducatif dont les programmes de l'enseignement constituent la pierre angulaire.
Ceux-ci façonnent les mentalités et induisent les manières d'être et de faire. Partant, un peuple peut-il connaitre un autre destin que celui façonné par son système éducatif ? Les programmes de l'enseignement ne constituent-ils pas de fait un enjeu politique et stratégique ? Au demeurant, sur quelle base ont-ils été conçus et pour quelle finalité ? Qui décide des politiques éducatives en Afrique ? Ces programmes sont-ils adaptés aux défis des Africains ainsi qu'aux enjeux qui en découlent ? Du reste, que devrait enseigner l'école Africaine ?