La France, pour nous, hommes libres, c’est un pays certes agréable, mais dans lequel on trouve toujours quelque chose à redire, contre lequel manifester, se plaindre. Pour la petite Lila, jeune malgache de 14 ans, c’était différent. Elle et sa famille y voyait un paradis lointain, un pays de cocagne où tout est possible, une vie meilleure en perspective, avec un emploi, un vrai.
Des idéaux qui partent en fumée, voilà ce que mettent en lumière Dominique Torrès et Jean-Marie Pontaut dans Lila Etre esclave en France et en mourir. Parce que tout ce qu’a trouvé Lila en France, c’est
une vie d’esclave, et la mort. Les deux auteurs s’appliquent à retracer ce qu’a été la vie de Lila pendant les quatre ans d’ombre qui ont précédé son retour à Madagascar, mourante, et sa mort qui n’a pas tardé. On regrette un peu le style trop journalistique employé par les auteurs, mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt du livre, ancré dans la réalité.
Parfois on éprouve un intérêt presque malsain à vouloir savoir ce que lui faisaient subir ses employeurs/tortionnaires. Mais en fin de compte on désire juste comprendre, comprendre ce qui poussent des membres d’une même famille à se séparer, ce qui passe par la tête de ceux qui exploitent des compatriotes sans regret ni remord, ce qui fait qu’une telle situation puisse arriver encore aujourd’hui dans un pays comme la France, qui se prétend pays des droits de l’homme et enfin comprendre pourquoi il faut attendre des années pour que les choses bougent, et à quelle allure ! Les deux rédacteurs de ce livre poignant reviennent en effet sur l’avancée (si on peut parler d’avancée) du dossier Lila, qui s’enlise petit à petit, oublié par la justice française. Cette justice si fière qui dévoile ses insuffisances et ses instabilités, le changement d’interlocuteurs et de personnes en charge du dossier entravant gravement l’enquête et l’instruction du dossier. Cette justice à deux vitesses, qui oublie les petits pour se concentrer sur les problèmes des grands.
En parallèle à cette colère qui monte progressivement, on admire les initiatives prises contre l’esclavage moderne, dont la lutte est retracée avec précision.
Je n’ai pu m’empêcher de ressentir une énorme déception lorsque je suis parvenue à la fin du livre, ayant l’impression que jamais on ne saura ce qui est arrivé à Lila, jeune fille morte dans des conditions troubles et mal éclaircies. Ça fait mal au cœur, vraiment. C’est avec amertume qu’on se dit qu’on ne peut pas y faire grand-chose, mais que peut-être ce livre sera une pierre à l’édifice du dossier « Lila », pour ne pas l’oublier, et éviter que ça recommence, pour une autre…
Documentaire poignant !
La France, pour nous, hommes libres, c’est un pays certes agréable, mais dans lequel on trouve toujours quelque chose à redire, contre lequel manifester, se plaindre. Pour la petite Lila, jeune malgache de 14 ans, c’était différent. Elle et sa famille y voyait un paradis lointain, un pays de cocagne où tout est possible, une vie meilleure en perspective, avec un emploi, un vrai.
Des idéaux qui partent en fumée, voilà ce que mettent en lumière Dominique Torrès et Jean-Marie Pontaut dans Lila Etre esclave en France et en mourir. Parce que tout ce qu’a trouvé Lila en France, c’est une vie d’esclave, et la mort. Les deux auteurs s’appliquent à retracer ce qu’a été la vie de Lila pendant les quatre ans d’ombre qui ont précédé son retour à Madagascar, mourante, et sa mort qui n’a pas tardé. On regrette un peu le style trop journalistique employé par les auteurs, mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt du livre, ancré dans la réalité.
Parfois on éprouve un intérêt presque malsain à vouloir savoir ce que lui faisaient subir ses employeurs/tortionnaires. Mais en fin de compte on désire juste comprendre, comprendre ce qui poussent des membres d’une même famille à se séparer, ce qui passe par la tête de ceux qui exploitent des compatriotes sans regret ni remord, ce qui fait qu’une telle situation puisse arriver encore aujourd’hui dans un pays comme la France, qui se prétend pays des droits de l’homme et enfin comprendre pourquoi il faut attendre des années pour que les choses bougent, et à quelle allure ! Les deux rédacteurs de ce livre poignant reviennent en effet sur l’avancée (si on peut parler d’avancée) du dossier Lila, qui s’enlise petit à petit, oublié par la justice française. Cette justice si fière qui dévoile ses insuffisances et ses instabilités, le changement d’interlocuteurs et de personnes en charge du dossier entravant gravement l’enquête et l’instruction du dossier. Cette justice à deux vitesses, qui oublie les petits pour se concentrer sur les problèmes des grands.
En parallèle à cette colère qui monte progressivement, on admire les initiatives prises contre l’esclavage moderne, dont la lutte est retracée avec précision.
Je n’ai pu m’empêcher de ressentir une énorme déception lorsque je suis parvenue à la fin du livre, ayant l’impression que jamais on ne saura ce qui est arrivé à Lila, jeune fille morte dans des conditions troubles et mal éclaircies. Ça fait mal au cœur, vraiment. C’est avec amertume qu’on se dit qu’on ne peut pas y faire grand-chose, mais que peut-être ce livre sera une pierre à l’édifice du dossier « Lila », pour ne pas l’oublier, et éviter que ça recommence, pour une autre…