La traversée mortelle

Il est un lieu commun qui veut que les professeurs ont la belle vie. Qu’ils ne sont pas éreintés par leur emploi. Une illusion que corrode le témoignage de Patrick Secouet qui revient sur son parcours professionnel d’enseignant de mathématiques. Et le lecteur de découvrir l’envers du décor : les abîmes séparant les hommes sur le terrain et l’Inspection, les changements d’affectation déstabilisants, le constant besoin d’adaptation, les classes inégales, la détérioration des relations professeur/élèves, la valse des programmes et des méthodes de transmission du savoir, le laxisme des administrations scolaires… De quoi, justement, épuiser un homme et les tempéraments les plus aguerris.
De quoi encore, quand d’autres circonstances s’y greffent, vous propulser vers le fond. Si l’auteur de ce texte compare volontiers la carrière à une traversée, restent ces questions fondamentales : comment arriver à bon port ? Comment surmonter les tempêtes et les crêtes des vagues les plus dangereuses ? Comment ne pas perdre le nord et garder le bon cap ? Un questionnement qu’il applique bien sûr au milieu dans lequel il a évolué pendant trois décennies, mais aussi beaucoup plus largement à ce monde du travail qui n’a cessé de devenir source de stress et de conflits, de mal-être et de délitement des liens humains.
Du personnel au social, voire à l’existentiel, Patrick Secouet lance ainsi plus qu’un constat sur l’état de l’enseignement en France, mais des pistes de réflexion que tous les échelons des hiérarchies professionnelles devraient étudier.