1954, Le Caire, dix-sept personnes perdent la vie. Pourquoi ?
En Belgique un téléphone sonne, le petit Stanislas a un an, son père vient de mourir dans l’attentat du Caire. Qui l’a assassiné, qui visaient les terroristes ?
1948, les souvenirs des camps de concentration coulent encore dans ses veines quand Nathan Katz assiste, à la sortie du Brooklyn College, à une énième humiliation de la part de jeunes italiens. Quelques jours plus tard, armé d’une simple batte de base ball, le jeune collégien pénètre dans l’antre des agresseurs.
Deux événements qui marqueront nos
deux héros, qui changeront à jamais leur vie. Cette disparition deviendra très vite obsessionnelle pour Stanislav Kervyn richissime entrepreneur. S’ensuivront de longues années à traquer la vérité, les raisons de cette circonstance malheureuse. Alors qu’il pense avoir mis un terme à ses démons et ces images malsaines, qu’il croit enfin aspirer à une nouvelle vie, Stanislas se voit contraint de tout reprendre à zéro, de fouiller dans un passé qu’il ignore, qui s’évapore un peu plus au fil des disparitions des derniers témoins. Cet affront, Nathan ne peut l’accepter. Les juifs n’ont déjà que trop souffert, trop subit, en un jour, il va changer son avenir et le regard des autres sur lui. Une rébellion qui fera entrer le jeune Nathan dans un nouveau monde, un monde souterrain, où la mémoire de son peuple doit guider ses gestes, sa vie.
Paul Colize, par l’entremise de deux personnages, de deux mondes opposés, nous mène dans un roman à cent à l’heure. Une œuvre où se mêle passé, présent, histoire et exactions, où réalité et fiction s’entrechoquent dans un style cru, dur parfois mais non dépourvu d’humour et de dérision. Un personnage de prime abord antipathique, Stanislas qui se laisse submerger par ses hantises, par les événements de son passé, s’érigeant en martyr odieux au point de devenir antisocial, agressif et inhumain,égocentrique et obsédé. Un héros, Nathan Katz justicier de la Mémoire de son peuple mais nanti de pitié au moment du dernier geste, jeune juif émigré, intelligent et consciencieux. Deux personnages prêts à tout pour obtenir la vérité, quel qu’en soit le prix à payer. Un scénario renversant, addictif que l’on a du mal parfois à lâcher. Colize réussit le tour de force d’emmener son lecteur sur un terrain labile, où les certitudes s’effondrent parfois comme un sable mouvant, laissant le lecteur dubitatif.
Un long moment de silence
Un polar qui vous tient en haleine tout au long de votre lecture. Un polar basé sur des faits réels et personnels.
Bon, le personnage principal m’a un peu fatigué à toujours vouloir rouler et baiser vite. Mais heureusement, ça ne dure que quelques lignes.
On sent un homme plein de colère mais décidé à aller au bout de sa quête.
Passé et présent se mêlent pour nous induire en erreur, brouiller les pistes sans nous perdre véritablement. Les hypothèses s’échafaudent, et le roman ne se lâche pas si facilement.
On apprend le destin tourmenté de cette petite ville de Lvov, actuelle Lviv, ancienne Lemberg. Pour le moment en Ukraine (mais pour combien de temps encore….).
L’auteur a su créer une atmosphère propre à son roman, ce que j’apprécie.
Deux petits bémols : la conversion finale du héros m’a paru quelque peu plaquée et trop facile – Donner à chaque chapitre un titre qui correspond aux derniers mots de ce même chapitre, cela m’a agacé.
L’image que je retiendrai :
Celle du chapeau du père de Stanislas que celui-ci n’a jamais vu car son père ne le porte qu’à de certaines occasions.
https://alexmotamots.wordpress.com/2015/03/26/un-long-moment-de-silence-paul-colize