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L'intrigue est, comme toujours chez Vallejo, enlevée et trépidante. L'écrivain manie le suspense aussi bien que la langue. Il fait festin de mots sans être précieux. [...] C'est l'extravagance désinvolte de Vallejo qui fait sa différence. Et le parfum de mystère présent dans tous ses livres qui les rend si attrayants. L'Obs
À l'origine d'un roman, il y a toujours pour moi un croisement secret entre quelques détails de ma vie la plus intime, le goût du mythe le plus universel et la traversée du temps historique.
Pour Un dangereux plaisir, où l'on mange et cuisine à tout va, l'affaire personnelle touche à l'enfance : j'ai été un de ces enfants pour qui la nourriture a longtemps été problématique ; une tarte aux fraises surgie dans la main d'une inconnue me révèle le plaisir de dévorer : la scène fondatrice se retrouve dans le livre, elle est vraie. Plus tard, une tante m'initie à l'art du fumet de poisson et fait de moi un amateur de préparations culinaires à la fois ordonnées et fantaisistes.
François Vallejo
En dépit de la nourriture que ses parents lui imposent et qu'il rejette avec constance, Élie Élian s'attarde à l'arrière du restaurant qui s'est ouvert dans son quartier. Les gestes qu'il observe, les effluves dont il se délecte sont une révélation : il sera chef-cuisinier.
Son passage dans l'établissement de la veuve Maudor sera déterminant. Elle l'initie à l'amour fou et lui offre d'exercer son incroyable génie culinaire.
Puis ses errances dans un Paris en proie aux émeutes le mèneront jusqu'au Trapèze, le restaurant où son destin de magicien des sens, des goûts et des saveurs s'accomplira.
Ce roman a reçu le Prix de l'Académie Rabelais 2017.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE CHRONIQUE
Voilà un de ces romans qu’on commence dans l’allégresse et qu’on abandonne avec regret, un de ces romans plein de saveurs, de parfums et de sensualité. « Un dangereux plaisir » est le roman d’une quête obsessionnelle, celle d’Elie Elian, un jeune garçon qui n’est guère inspiré par ce que ses parents lui proposent à manger. En revanche il passe des heures à observer la vie du restaurant qui se trouve en face de chez lui : « ces mains hachant menu à toute allure, saupoudrant des épices en ondes mesurées, arrosant une pièce de volailles en trois cuillerées, coupant la peau d’une dorade royale de deux traits, séparant le jaune d’un blanc d’un coup sec, escamotant la coquille… » Un véritable spectacle qui n’en finit jamais et que l’écrivain décrit avec une finesse et un soin du détail qui replace chaque geste dans le mouvement général d’une cuisine de restaurant.
Le jeune Elian va consacrer toute sa vie à la cuisine, au point d’en oublier tout ce qui fait le reste d’une existence. La cuisine, juste la cuisine, rien que la cuisine. Il va aiguiser son savoir et ses aptitudes de place en place, apprenant en silence. Mais comme il casse un peu trop de vaisselle il finit par se retrouver à la rue où il fréquentera toute une faune de mauvais garçons qui lui apprendront la grivèlerie. Mais son aventure ne va pas s’arrêter là et Elie va rapidement rebondir dans le restaurant de Jeanne Maudor qui lui ouvrira sa cuisine et son cœur, préparant les étapes futures de l’inexorable quête du jeune cuisinier.
François Vallejo nous offre un magnifique récit immergé dans le monde de la cuisine, qui fonctionne comme le symbole de la permanence et qui est assurée par des hommes qui voient leur vie dévorer par leur passion. Ce que va comprendre Elie dans son enfance, il va le mettre en pratique dans sa vie mais, en vérité, les enjeux profonds lui échappent. La métaphore de la cuisine résonne comme un coup de feu qui durerait une existence entière. « Un dangereux plaisir » est un texte somptueux et tendu qui tente de saisir ce geste aristocratique qui nourrit les hommes. A ne manquer sous aucun prétexte.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)