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" Bonhomme, ton papa est parti..., je murmure, un rat dans la gorge.
-; Déjà ?
-; Comment ça, déjà ?
-; Il avait dit qu'on partirait ensemble, c'est ce qu'il a dit pendant la récré.
-; Tu l'as vu ?
-; Ben non, il m'a appelé. Il a juste dit on va partir toi et moi, c'est notre complot... "
Sanguinaires, c'est l'histoire d'un homme qui n'assiste pas à l'enterrement de son propre fils. Qui tait à son petit-fils le meurtre de son père.
L'histoire d'un musicien qui préfère le cuivre des cymbales à l'acier d'un calibre.
Et qui, fuyant son île, la Corse, part sur les routes avec le petit garçon, un gamin surdoué et farceur, pour le protéger de la malédiction familiale.
Mais ils sont suivis. Par un tueur. Par un ange gardien.
Sur une trame de thriller, un roman plein de fureur et de tendresse où le pouvoir des mots, la force de l'imagination transcendent la réalité.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Denis Parent n'est ni Simenon ni Jean-Patrick Manchette ! Mais en vérité il n’a rien à envier à ces deux là dès lors qu’il s’agit de sonder l’âme sombre de l’humanité, il se porte même à la hauteur du meilleur auteur français dans son domaine : lui-même. Voilà un auteur dont la psychologie humaine n'a pas de secret surtout quand elle déraille et qu'elle a besoin de vodka et de coke pour pouvoir rester parmi les vivant, mais pas seulement.
Un roman de Denis Parent est toujours un microcosme qui se referme impitoyablement sur le lecteur. "Sanguinaires" fonctionne comme un récit d'Hector Malot façon thriller. Un grand père – jazzman et requin de studio - dont le fils vient d’être assassiné doit fuit avec son petit fils, un gamin à la langue bien pendue. Fuir pour échapper à une malédiction familiale, fuir parce qu’on veut tout simplement les supprimer. Il faut dire que l’action démarre en Corse et les descriptions des mauvaises habitudes de certains insulaires valent vraiment le détour. On a parfois l’impression de se retrouver au coeur d’un western mais la scène finale au milieu de la rue principale tourne plutôt à l’assassinat crapuleux, ce à quoi une petite minorité corse nous a habitué depuis quelques décennies et même quelques siècles si on compte les glorieux ancêtres qui se criblaient déjà à coup de tromblons.
Mais n’allez pas imaginer que “Sanguinaires” soit seulement un thriller. Ce serait mal connaître Denis Parent qui est à la fois un grand styliste et un incroyable conteur. Ce qui chez d’autres serait un bon polar psychologique devient avec Parent une oeuvre polymorphe qui conjugue roman familiale, road novel et thriller haletant. L’écrivain parvient à actionner les différentes manettes du genre avec l’art consommé d’un machiniste inspiré. L’un de ses points forts tient dans sa capacité à donner chair à ses personnages et à rendre les sentiments qui les animent si réels qu’on a l’impression qu’il les exproprie de la fiction pour les réintégrer dans la vraie vie.
“Sanguinaires” est une oeuvre forte qui laisse pas mal de spécialiste du thriller sur le carreau. Ce n’est pas un roman qu’on oubliera sur la plage. On lui réservera plutôt une place de choix dans sa bibliothèque parce qu’un véritable écrivain mérite que l’on traite bien ses livres.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)