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Que retenir de sa jeunesse quand elle a filé, quand on se retourne sur les événements qui nous ont façonnés? Hervé, lui, ne peut oublier l'année 1986. À Aix où il vit, mais aussi à Paris et dans toute la France, les étudiants refusent le projet Devaquet sur la réforme des universités. 86, c'est d'abord l'incroyable élan qui traverse les cortèges des manifestations, la première prise de conscience politique, les slogans scandés, l'amour d'Artémis le temps d'un hiver.
Mais dans la nuit du 5 au 6 décembre, Malik Oussekine court et meurt sous les coups de la police au 20, rue Monsieur-le-Prince. Et 86 devient le mouvement étudiant foudroyé. Trente ans plus tard, Hervé revient sur ces instants dont les échos l'obsèdent. Quelles autres courses celle de Malik Oussekine appelle-t-elle? Quelles racines du mal l'année 86 a-t-elle plantées?
En restituant au plus près les faits qui ont marqué sa génération, en inventant l'invisible derrière le fait divers, Didier Castino compose un roman fiévreux sur les violences policières et la mémoire commune.
Il interroge notre rapport à l'Histoire, nos engagements et nos renoncements.
La dernière course de Malik Oussekine
Il y a d’abord Hervé, un jeune étudiant un peu blasé qui a l’impression que sa génération est passée à côté de l’histoire, que tout a déjà été fait. Puis le mouvement de 1986 arrive en réponse à une loi sur les universités. Hervé découvre avec cette mobilisation, l’exaltation, le sentiment de communion qui peut exister dans les manifestations et les rassemblements, lieux propices aux rencontres et parfois à l’amour.
Mais un soir des affrontements éclatent entre les manifestants et la police. Malik Oussekine un jeune homme étranger à la mobilisation est sauvagement assassiné par des policiers. Sa mort est un immense choc, la loi est retirée et le mouvement étudiant se termine sur une marche de deuil.
Dans ce livre politique au sens noble du terme, Didier Castino fait un lien entre l’entrée de l’extrême droite à l’assemblée et ce meurtre, pas un lien direct, mais ce parti et d’autres acteurs politiques par les idées qu’ils distillent dans la population, rendent ce genre d’acte possible.
Cet excellent roman de Didier Castino interroge, que ce soit sur la marche de l’histoire, le racisme, la force des institutions, l’engagement, nos renoncements… Mais ce roman c’est surtout la dernière course d’un homme, Malik Oussekine, tué le 6 décembre 1986 au 20 rue Monsieur-le-Prince.