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À 26 ans, Martin Leroy perd tout du jour au lendemain : sa petite amie, partie avec un collègue, et son emploi. Il vendait des voyages organisés dans une petite entreprise cédée par le propriétaire à un groupe qui a restructuré et licencié. Martin voudrait que sa vie redevienne comme avant, il décide donc d'agir en allant, un marteau dans son sac, voir son ancien patron qui s'est offert une place au soleil.
Heureusement, celui-ci est absent. Martin s'installe dans un bar pour attendre. Il y rencontre un ancien camarade perdu de vue depuis des années, son antithèse à priori : nanti d'un travail, d'une fiancée ; lui sait comment occuper ses journées.
Leur rencontre nous donne l'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'enfance rocambolesque de Martin auprès de sa mère-enfant vendeuse de chaussures que ses délires finiront par mener à l'hôpital psychiatrique.
L'occasion aussi d'éviter le pire : les deux amis finiront la journée comme ils l'ont commencé : sagement, mélancoliquement, cruellement conscients que leur vie n'est pas vraiment fabuleuse et qu'il faudrait faire quelque chose. mais quoi ?
Rester sage
Martin 32 ans est un homme tout ce qu'il y a de plus banal, il mène une vie rangée sans fantaisie. " Martin vivait par ailleurs avec Justine, une femme douce et délicieuse, comme souvent. Leur existence était confortable, faite de promenades en forêt de jus d'orange sans pulpe de prélèvements automatiques sur compte commun et d'amis assortis au tapis du salon." Une vie rangée donc, jusqu'au jour ou l'agence de voyages qui l'employait, lui qui détestait voyager, décide de se passer de ses services, très vite imitée par Justine qui fait ses valises.
Martin qui jusque là était toujours stoïque décide de se rendre chez l'ancien propriétaire de l'agence qu'il estime responsable de la perte de son emploi. En effet celui-ci a vendu son agence à un groupe afin de couler une retraite paisible au bord de la mer. Martin armé d'un marteau est remonté et bien décidé à se faire entendre. En attendant de passer à l'action il s'arrête dans un bar où il croise un ancien camarade de classe qu'il croit plus verni que lui.
Dans ce court roman, Arnaud Dudek nous narre avec un style incisif plein d'ironie et de dérision la remise un question d'un trentenaire qui voit sa vie s'écrouler, et qui pour une fois, lui qui avait décidé dès l'enfance de rester sage pour s'éviter les ennuis, décide de prendre le taureau par les cornes pour redonner un sens à sa vie. "N'empêche, partir ainsi, foncer sans plan ni méthode, cela ressemble si peu à Martin. Ses comptes sont parfaitement tenus dans un cahier de brouillon, lignes tirées à la règle, colonne recettes, colonne dépenses. Dans le troisième tiroir de son bureau, un classeur contient tous ses bulletins de salaire. Lessive hypoallergénique, gel douche sans parabène, déodorant sans aluminium, nettoyant multi-usage taches tenaces, son quotidien est net aseptisé. Difficile d'y improviser quoi que ce soit."
La réussite de ce roman tient à l'humour grinçant qu'utilise l'auteur pour décrire des situations peu propices au rire, à des portraits savoureux et à des digressions pour le moins étonnantes comme celle de l'Escalator. En bref ce roman au style ciselé est un excellent moment de lecture et j'attends avec impatience une nouvelle oeuvre de cet auteur.