C'est le second roman d'Antonio Manzini que je lis. Je suis contente de retrouver Rocco Schiavone et toute son équipe (de bras cassés ou presque). J'apprécie les sagas pour ce type de retrouvailles. C'est agréable de "revoir" des connaissances dans un cadre déjà un peu familier.
Certains protagonistes de cet opus (mais comme pour le précédent) paraissent trop caricaturaux pour être crédibles, mais n'oublions pas que la réalité dépasse assez souvent la fiction. Si, regardez bien autour de vous.
L'enquête se déroule en quelques jours. Les mauvaises langues diront que c'est trop
rapide, mais c'est oublier que les affaires criminelles se résolvent effectivement soit très rapidement, soit au contraire après des mois, voir des années.
L'intrigue est assez classique, mais cela fonctionne. C'est bien le principal.
On a notre lot de mauvaise foi, de sarcasmes, de bêtises, d'exaspération, de traits de génie, de vannes, de tacles mérités, de bassesse, de petits et gros malheurs du quotidien, de la vie tout simplement.
Une dernière chose, j'aime beaucoup le style de l'auteur (triste réalité et réalité burlesque qu'il arrive à faire passer si facilement), mais surtout les petites références qu'il glisse ici ou là (la série Chips par exemple, mais aussi bien d'autres pépites que je vous laisserai trouver).
Hâte de lire la suite des aventures (des emmer...bip aurait plutôt dit Rocco) de notre sous-préfet chouchou.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Antonio Manzini est devenu en quelques années un phénomène éditorial en Italie avec plus d’un million d’exemplaires vendus de sa série mettant en scène le sous préfet Rocco Schiavone. Les deux précédents volumes, “Piste noire” et “Froid comme la mort”, ont installé l’écrivain italien parmi les poids lourds du roman noir de la péninsule. Manzini a construit son style autour de trois piliers : un flic au caractère hiératique, des dialogues vifs qui font rapidement avancer l’action, un goût indéniable pour l’analyse sociale ; trois piliers qui fournissent l’assurance d’un polar efficace et jubilatoire.
“Maudit printemps” ajoute donc un troisième opus à la saga Schiavone. Où l’on retrouve avec plaisir le fulminant sous prefet dans une affaire qui va rapidement nous plonger au coeur des turpitudes d’une riche famille d’industriels du Val d’Aoste. Pour ceux qui l’ignoreraient le Val d’Aoste est une petite province du nord-ouest de l’Italie jouissant d’un statut particulier au sein du pays. Nous sommes en mai et pourtant il neige sur la région ce qui met Schiavone de fort mauvaise humeur. La disparition de Chiara, étudiante brillante et héritière de la famille Berguet, parmi les industriels les plus riches de la vallée ne va pas tarder à mettre le sous préfet sur la brêche.
La disparition n’est pas signalée par la famille Berguet mais par sa meilleure amie qui s’inquiète de son silence. Schiavone flaire la sale affaire et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne se trompe pas. Entre coup de sonde sociologique mettant en exergue les tares de la grande bourgeoisie locale et course contre la mort pour le moins palpitante, Manzini porte sa narration au niveau maximum d’ébullition. Ce “Maudit printemps” annonce vraiment un sale temps pour Rocco Schiavone mais son caractère bien trempé aura une fois de plus raison de l’adversité. C’est tout ce qu’on aime chez lui… A lire rapidement et pas seulement au printemps !
Archibald PLOOM