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« J'ai toujours été optimiste. Sans doute parce que, privée de mon père dès l'âge de six ans, je reste convaincue que rien de plus vache ne pouvait m'arriver. Toujours est-il qu'un beau jour de 1958, j'ai embarqué vers l'Équateur et monté mon premier restaurant dans un ancien bordel à Quito. Mais planter ses racines à l'autre bout du monde n'est pas si facile ! Pourtant, si je n'avais participé à la conspiration du colonel Ramirez, je n'aurais jamais rencontré Juanito, mon Indien « coureur de rêves », ni accouché d'Arturo au milieu des stars d'Hollywood après un séjour dans un pénitencier en pleine jungle. » Reine des nuits de Caracas, entraîneur de boxe ou professeur d'espagnol de Nat King Cole, Louisa nous démontre qu'avec ses petits soleils, ses lunes noires ou ses pépins d'orange, la vie, entre coups de gueule, coups de blues et coups de folie, reste toujours une sacrée comédie.
Obstinément gagnante, dotée de cette force de caractère et de cette curiosité de la vie qui lui permettront de rebondir quoi qu'il arrive, Louisa restera toujours fidèle à elle-même, avec juste un drôle de fou rire au fond de la gorge face à la vanité de l'existence quand elle en frôlera la tragédie. Mambo Mambo, ou les tribulations d'une « comtesse aux pieds nus » dans l'Amérique du Sud des sixties, est une histoire en partie véridique, un roman écrit avec une rage de vivre contagieuse.
Louise ou la rage de vivre
Alors qu'elle n'a que six ans, la petite Louise voit son père partir à la guerre pour n'en pas revenir. Fait prisonnier et placé dans une ferme, il a préféré en mai 1945, rester avec la fermière allemande plutôt qu'aller retrouver sa famille française. Puis c'est au tour de sa mère d'abandonner Louise quand elle a une vingtaine d'années et qu'elle suit des cours d'art dramatique. Elle veut suivre « Le Shérif », son nouveau compagnon qui a décidé de retourner vivre aux Etats-Unis. Se sentant libre et sans attache, Louise accepte une proposition mirobolante : acheter avec son amie Zoé et deux autres jeunes gens une hacienda en Equateur. Il s'agit en fait d'une pure escroquerie qui les laisse sans argent mais n'empêchera pas Louise de monter un restaurant français qui rencontrera un joli succès jusqu'à ce qu'un certain Ramirez en fasse son quartier général et entraîne Louise dans une nouvelle galère...
« Mambo, mambo » démarre sur les chapeaux de roues comme un haletant roman d'aventures dans une inspiration assez proche de celle de pointures anciennes comme Georges Arnaud, Jacques Perret, Blaise Cendrars ou MacOrlan avant de s'achever sur une note nettement plus sentimentale et mélancolique. Féminité oblige. Quelle aventurière hors pair que cette charmante petite Louise ! Elle accumule sur sa tête les péripéties, coups du sort et catastrophes en tous genres. Elle participe sans le vouloir à une tentative de coup d'état, elle se retrouve dans une horrible prison en pleine jungle, elle s'improvise cuisinière, chanteuse, chercheuse d'or, dame de compagnie d'une danseuse étoile caractérielle, patronne de restaurant et même négociante en langouste surgelée... Elle est en butte à la mafia, survit à un tremblement de terre, se fait voler, escroquer et dépouiller à plusieurs reprises et redémarre ruinée mais toujours battante ! Cela fait un peu beaucoup côté vraisemblance mais ça passe grâce au style simple, efficace et rythmé d'une romancière sympathique qui n'a pas son pareil pour faire partager cette rage de vivre contagieuse et enthousiasmante.