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Une plongée saisissante dans le quotidien des modérateurs de contenu, les nettoyeurs du web. Hanna Bervoets y analyse l'état de confusion entre réalité et virtuel dans lequel nous vivons.
Kailegh a appartenu à la cohorte de modérateurs de contenu chargés de veiller sur les images et les textes qui circulent sur le web. Sur un ton froid et désabusé, la jeune femme répond par courrier interposé à l'avocat qui lui a proposé de participer à une action collective contre la plateforme Internet qui l'employait.
En dépit de la somme de vidéos barbares et de commentaires haineux qui lui a été infligée le temps de ce travail précaire, elle refuse de se joindre à ses anciens collègues, mais souhaite raconter ce qui l'a personnellement traumatisée sur les lieux de ce travail. Commence alors le récit du quotidien éreintant de ces nettoyeurs du web, de l'indifférence avec laquelle ils se protègent jusqu'aux cauchemars qui les hantent.
Le jour où apparaît la séduisante Sigrid, venue travailler avec eux, Kailegh semble perdre ses moyens.
Que peut devenir une relation entre deux êtres au sein d'un univers où l'intimité est quotidiennement malmenée ? Telle est la question que pose Hannah Bervoets avec acuité, le temps d'un récit à la tension irrésistible.
Les choses que nous avons vues
[la naissance du monde]
Une naissance est toujours un moment unique, il paraît, on dit que c'est merveilleux, on dit que c'est un évènement et que des évènements comme ça dans une vie, il n'y en n'a pas des masses, soit. Donc, une naissance, une maison d'édition Le bruit du monde, un évènement suivi de félicitations et de bravo, c'est un bien joli bébé que vous nous avez mis au monde. Parce que oui, le bébé est bien beau, graphiquement, confortablement, scripturalement, etc. Une maison qui naît ça vient avec plusieurs textes. Dont celui-ci Les choses que nous avons vues d'Hanna Bervoets, que j'ai eu la chance d'avoir lu. Parce qu'en guise d'entrée en matière, ce texte il se pose là. A la fois très actuel parce qu'il est question de celles et ceux qui modèrent le web, qui balaient les saloperies de ceux et celles qui se croient permis de foutre n'importe quoi en ligne. Et universel, aussi. Parce que c'est une histoire d'amour - pas facile d'aimer quand l'écran que tu dois surveiller te tâche le regard et te fusille le cerveau - comment peut-on aimer quand le monde que l'on traite apparaît dans sa plus terrible laideur ? Et surtout, pourquoi doit-on continuer d'aimer pour ne pas perdre les pédales, pour continuer à y croire. Ce roman d'Hanna Bervoets vient de loin, il porte en lui une puissance, un vœu, un coeur et une vision acérée de notre société contemporaine. Il parle à l'intérieur de nous, aux petites simagrées que fait notre conscience quand elle se pose trop de questions.
Donc, une naissance.
Dans les règles de l'art.
Avec emphase, on dirait : merci à la littérature et à ceux qui la font et la transmettent, merci à tout ce monde : éditeurs, écrivains et traducteurs !
Avec pudeur, on dirait : faut que tu lises ce livre, il est extra.