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Lire ce que j'en écrivais, en décembre
2007, sur remue.net, à la réception de ce texte, par lequel j'ai
pris connaissance du travail de Dominique Quélen :
A quoi pensait Honoré de Balzac quand il a écrit
cette phrase, lui qui n'était ni grand ni maigre, et qui s'est
battu sans cesse contre le temps ?
Et pourquoi Balzac n'a pas corrigé ni rayé cette phrase, qui est
une phrase d'évidence, un caillou de lettres, évidemment la
littérature à cet instant qui passe, qui s'arrête, repousse
l'auteur et tant pis.
Et pourquoi cette phrase, longtemps après Balzac, y est reprise
par les mains de Pierre Michon qui en fait le titre d'une préface àMémoires de deux jeunes mariés, chez POL La
Collection, reprise en volume chez Verdier ? Est-ce que
c'est de Pierre Michon que la tient Dominique Quélen ?
[...] soit par exemple le fragment VI (il y en a XX) :
Acceptant le don d'une vie réduite au geste de verser chaque
jour dans le suivant.
Aspirant au simple bouleversement d'humeur.
Pousser une petite charogne sur le bord du chemin occupe un
instant. Ce n'est plus à la fin ni plumes ni poils, mais une sombre
manne en vain répandue. La terre, en dessous, est maintenue dans unétrange état, comme seule en peut donner l'idée d'une macération
d'esprit dans un objet. Souverain séjour où tout s'accomplit. Rien
ne diffère plus, et des tomberaux lointains défilent avec lenteur
devant une paroi d'arbres auxquels s'appuie l'horizon.
D'avoir à
continuer, on est ému d'une émotion violente.
Je ne crois pas qu'on lise cela souvent : c'est comme le
temps est un grand maigre, la phrase, on ne saurait pas dire
pourquoi ni comment c'est littérature. C'est inéluctable, c'est là.
Ainsi l'étonnant et très fort Loque (Lien -> http://remue.net/spip.php?article2199), accueilli par remue.net, que Dominique Quélen
a lu lors de la deuxième nuit remue : ici à l'écoute (Lien -> http://remue.net/spip.php?article2370).
J'ajoute le fragment XII :
Ainsi nous sourions faiblement, étant presque morts, à lire la
fable de notre vie dans de grands volumes qu'il faut manier avec
soin. Tout y est superbe de nombre et de proportions, le dessin
n'en est pas brouillé par les détails. Des héros fades sortent
grandis d'épreuves pareilles aux nôtres en apparence. Les yeux
voient clair, les mains sont plates comme des truelles.
Et pas de
mauvaises herbes entre les marbres, pas de citernes d'eau croupie
sous des halles en plein vent, pas de parfums s'évaporant avant
qu'on les ait respirés, rien qui ait l'air de sortir à l'instant de
derrière. Et pas trace non plus du fléau de l'homme :
jusque-là tapi en nous, il dissimule un peu de monnaie dans sa main
et tout seul au fond de quelque arrière-cuisine, sans remettre à
demain de vivre, il s'apprête à dîner des restes du repas de midi
de la veille.
Le pari, et c'est une nouvelle expérience sur la palette de
publie.net, est fait avec l'auteur, Dominique Quélen, et le premieréditeur de ce texte : Jacques Josse (dont on peut lire lesDormants (Lien -> #9782814501041) sur
publie.net).
Les éditions Wigwam (Lien -> http://www.wigwametcompagnie.net/accueil.htm), fondées par
Jacques Josse, c'est un abonnement à une parution régulière, de
haute qualité typographique, des objets manufacturés dans la
tradition de l'imprimerie.
Des textes brefs, dont celui de
Dominique Quélen.
Alors, aujourd'hui, à vous le choix : commander le texte
numérique, commander le texte papier, ou disposer des deux
ensemble, garder le toucher du papier, la commodité de la lecture
eBook.
Pour nous, un apprentissage : les lois concernant les
marges, les interlignes, la tourne de page, tout change. Apprendreà travailler ensemble, auteur, éditeur papier, éditeur numérique,
c'est entrer dans le terrain mouvant très neuf où, sur nos supports
numériques, vous voulons retrouver ce même poids silencieux,
décisif, du poème.
C'est un parfait hasard chronologique que le texte de Dominique
Quélen rejoigne sur publie.net Alors j'ai dit au Maigre (Lien -> #9782814501737) de Michèle Dujardin, mais il
n'y a jamais de hasard complet.
Et Dominique Quélen reviendra
bientôt sur publie.net dans la collection L'Inadvertance (Lien -> http://www.publie.net/tnc/spip.php?rubrique55) de François Rannou et Mathieu
Brosseau.