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En 1930, Freud publiait Le Malaise dans la civilisation, ouvre majeure où il détaillait les fondements de la société et les dangers qui la menaçaient. Le livre se concluait par une épigraphe que beaucoup d'observateurs ont jugé prophétique du nazisme :
" Les hommes sont arrivés maintenant à un tel degré de maîtrise des forces de la nature qu'avec l'aide de celles-ci, il leur est facile de s'exterminer les uns les autres jusqu'au dernier.
Ils le savent, d'où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse. Il faut dès lors espérer que l'autre des deux puissances célestes, l'éros éternel, fera un effort pour l'emporter dans le combat contre son non moins immortel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l'issue ? "
En 2015, le malaise dans la civilisation semble plus féroce que jamais mais sous une forme bien différente de celle que décrivait le père de la psychanalyse.
Attentats meurtriers, pilotes d'avion kamikazes, catastrophes écologiques, addictions technologiques, vacuité artistique et mise à mal spirituelle, le monde semble aller plus mal que jamais. Les auteurs, psychanalyste et psychologue, après avoir confronté leurs générations dans un dialogue passionné, ont choisi cette fois d'unir leurs forces pour penser ce trouble nouveau et allonger, sans concessions ni détours, le monde sur le divan.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Quand Freud publie en 1930 l’une de ses oeuvres majeures intitulée “Malaise dans la civilisation” il interroge ce qui constitue les fondements de la société et les dangers qui sont susceptibles de la mettre en péril. Trois ans plus tard Adolphe Hitler va prendre le pouvoir en Allemagne et beaucoup de lecteurs du livre de Freud avaient vu dans l’épigraphe qui concluait l’ouvrage une préfiguration des événements qui allait se produire quelques années après. L’inventeur de la psychanalyse écrivait :”Les hommes sont arrivés maintenant à un tel degré de maîtrise des forces de la nature qu’avec l’aide de celles-ci, il leur est facile de s’exterminer les uns les autres jusqu’au dernier. Ils le savent, d’où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse . Il faut dès lors espérer que l’autre des deux puissances célestes, l’éros éternel fera un effort pour l’emporter dans le combat contre son non moins éternel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l’issue ?”
Près de quatre vingts ans plus tard un psychologue clinicien, Samuel Dock, et une psychanalyste, Marie-France Castarède questionnent leur époque à travers un dialogue passionné qui leur permet un examen sans concession du nouveau malaise dans la civilisation, celui des attentats, des avions précipités contre des buildings, des catastrophes écologiques, des technologies invasives, de la vacuité artistique et des spiritualités dévoyées. Ce dialogue vif et pénétrant examine les problématiques de notre temps avec une acuité éclairante. Ainsi le terrorisme est-il présenté comme la métaphorisation incarnée d’une crise du lien sans précédent. L’altérité n’est plus seulement déniée mais anéantie, brisée. Dans cette configuration, l’autre, en tant qu’ être différent, ne peut plus être abordé comme un interlocuteur potentiel. Il doit justement être détruit parce qu’il manifeste cette étrange différence. “ Nous sommes, dans ce radicalisme, très loin de ce que nous appelons l’ambivalence, c’est à dire la coexistence de sentiments positifs et négatifs en une même personne. Accéder à l’ambivalence est le signe d’une maturité psychologique.”
Cet échange approfondi et nourri d’un travail inlassable sur les origines de ce malaise nous fournit des pistes de réflexion à des années lumière des jugements à l’emporte pièce que nous fournissent certains médias. “Le nouveau malaise dans la civilisation” nous offre plus de trois cents pages d’une réflexion serrée et exigeante sur les troubles qui affectent l’humanité de ce début de millénaire. Une lecture nécessaire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)