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À quatorze ans, je n'étais plus le perdreau de l'année, mais enfin une vraie jeune fille. Cinq jours par mois, je faisais partie du lot des mal fichues. J'entrais dans le clan. J'allais pouvoir connaître le saint des saints et sortir de l'obscurité. Ne plus être sans arrêt rembarrée par les grandes d'un « T'es trop p'tite ! », « Ça n'te regarde pas ! ». [.] Cet été-là, on a fauché et rentré cinquante charrettes de foin sous un soleil cuisant.
Et on a commencé la moisson du blé par grand beau. À la tombée de la nuit, les charrettes pleines à ras bords, tirées par les chevaux comtois, se suivaient à la queue leu leu sur les chemins qui mènent dans les hameaux, au-dessus du village des Gras. On était toute une flopée à revenir des champs, soûlés de chaleur, la peau brûlée, le corps fourbu mais le cour joyeux. Le sang bouillonnait dans nos veines.
On avait toute la vie devant nous. On chantait à tue-tête Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? et on n'entendait pas le bruit des bottes des nazis qui écrasaient la Pologne.
Un petit bijou
Madeleine,la narratrice (personnage de fiction) nous raconte ici son enfance pendant l'entre deux guerres. Petite paysanne, elle y décrit son quotidien, ses rêves, ses joies simples, mais aussi la dureté de sa vie, elle qui voulait tant continuer l'école et qui hélas devra la quitter trop tôt pour aider sa mère à la ferme, pour devenir la mère de substitution de ses frères et soeurs puisque sa mère en a décidé ainsi. On découvre ici, la vie rude des paysans à cette époque. La vie s'écoule au rythme des moissons, des saisons, des mariages et des deuils. Madeleine y grandit prisonnière de sa condition, à laquelle elle essaye parfois d'échapper, sans jamais se plaindre, jusqu'au jour où son univers bascule avec l'arrivée de la guerre et des allemands.Les deux tomes de ce livre sont un pur bonheur, un petit bijou. Le seul reproche à y faire , c'est qu'il n'y ait pas un tome 3, pour savoir ce que devient Madeleine ensuite.