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A l'école maternelle, les jeux de cour entre jeunes enfants font état d'une débauche d'énergie, d'un foisonnement et d'une richesse d'idées qui cadrent bien mal avec la notion de règle fixant le déroulement des jeux des plus grands. Les comportements exploratoires et créatifs sont déterminants pour les premières interactions sociales. Les faits acculturatifs au cours de la petite enfance s'informent d'une réalité humaine pas tant sociale et rationnelle mais sensible - perceptive et affective, physique et motrice qui alimente l'imaginaire de la culture comme capital idéologique, une culture dont l'enfant est acteur et promoteur.
Alors que celui-ci construit son corps, organise ses perceptions et sensations, partage entre pairs ses émotions, il produit un être ensemble, premier champ social pour la formation des cultures enfantines. Les explorations et interactions ludiques relèvent d'une poétique du corps qui laisse ainsi apparaître un dialogue entre nature et culture par lequel on peut définir les sociétés enfantines comme sociétés hybrides.
L'incorporation du monde et l'imaginaire des corps témoignent d'une pensée en acte où la notion de tradition, pour l'ethnologie de la petite enfance, n'est pas pertinente. On ne peut parler ici de simple transmission des savoirs et des faits culturels mais d'une (re)création des modes de penser de la culture d'accueil. Ce processus culturel dynamique, la vision du monde de l'enfant, depuis son point de vue, ne peut être bien saisi que dans une démarche phénoménologique.