Elsa Osorio retrace l'histoire de Mika Etchebéhère, elle n'est pas historienne, mais c'est une conteuse formidable, elle rend son récit biographique émouvant. La vie extraordinaire d'une femme libre, anti-fasciste, et qui laisse le lecteur haletant. Mika Etchebéhère s'engage dans les combats importants de son siècle, son parcourt est étonnant, il suffit de balayer la table des matières pour s'en rendre compte, soit dans le désordre : Moisés 1902, Paris-Espagne 1936-1937, Paris en 1992, en 1982, en 1968, Buenos Aires de 1919 à 1923, la Patagonie en 1926, Paris-Berlin en 1931-1933, Périgny
1977... Durant la guerre d'Espagne elle a un grade élevé sans avoir jamais eu de formation militaire, elle gagne le respect de ses hommes, sait se faire obéir. C'est cette période de combat qui est le pivot de l'histoire, mais son combat ne s'arrête jamais, elle ne cesse de militer, de débattre, de s'engager, forçant l'admiration de tous. Osorio nous la montre, avec beaucoup d'habileté, en bouleversant la chronologie historique dans sa narration, sans que le lecteur se sente perdu pour autant, au contraire, faire un saut d'une trentaine d'années dans le passé ou vers le futur, offre un éclairage encore plus fort sur la personnalité de Mika. L'auteur opère aussi des glissements étonnants de point de vue, nous plongeant dans l'intimité de son personnage, nous offrant la perception qu'en a un proche, ou parlant du point de vue de l'écrivain ; son utilisation de l'italique est aussi très habile pour rendre compte des "écrits" de Mika, car cette dernière a ce point commun avec Osorio, elle n'a jamais cesser d'écrire, des articles engagés dans des revues, des lettres et dans son journal.
Et en lisant un extrait de "Ma guerre en Espagne à moi. Une femme à la tête d'une colonne au combat", livre écrit par Mika Etchebéhère et publié par Actes Sud : "Donc je suis pour eux une femme, leur femme, exceptionnelle, pure et dure, à qui l'on pardonne son sexe dans la mesure où elle ne s'en sert pas, qu'on admire autant pour son courage que pour sa chasteté, son attitude, sa conduite. Puis-je risquer de manquer à cet engagement tacite, faire l'amour et qu'ils l'apprennent, et garder en même temps leur confiance, leur respect, cette espèce d'admiration qu'ils me vouent à l'heure de la vérité ? Eh bien, non ! Je reste ce que je suis, chaste et pure comme ils me veulent, femme ou hybride, quelle importance ! L'essentiel est de servir cette révolution avec le maximum d'efficacité et merde pour la petite secousse de la chair !". En lisant ce passage, après avoir lu le livre, je peux sentir à quel point le travail d'Osorio est formidable, elle parvient à retranscrire dans ses mots à elle, au travers de la "voix" si particulière de son personnage, la pensée d'une Mika Etchebéhère bien réelle et qui semble prendre chair devant nous.
La Capitana
Elsa Osorio retrace l'histoire de Mika Etchebéhère, elle n'est pas historienne, mais c'est une conteuse formidable, elle rend son récit biographique émouvant. La vie extraordinaire d'une femme libre, anti-fasciste, et qui laisse le lecteur haletant. Mika Etchebéhère s'engage dans les combats importants de son siècle, son parcourt est étonnant, il suffit de balayer la table des matières pour s'en rendre compte, soit dans le désordre : Moisés 1902, Paris-Espagne 1936-1937, Paris en 1992, en 1982, en 1968, Buenos Aires de 1919 à 1923, la Patagonie en 1926, Paris-Berlin en 1931-1933, Périgny 1977... Durant la guerre d'Espagne elle a un grade élevé sans avoir jamais eu de formation militaire, elle gagne le respect de ses hommes, sait se faire obéir. C'est cette période de combat qui est le pivot de l'histoire, mais son combat ne s'arrête jamais, elle ne cesse de militer, de débattre, de s'engager, forçant l'admiration de tous. Osorio nous la montre, avec beaucoup d'habileté, en bouleversant la chronologie historique dans sa narration, sans que le lecteur se sente perdu pour autant, au contraire, faire un saut d'une trentaine d'années dans le passé ou vers le futur, offre un éclairage encore plus fort sur la personnalité de Mika. L'auteur opère aussi des glissements étonnants de point de vue, nous plongeant dans l'intimité de son personnage, nous offrant la perception qu'en a un proche, ou parlant du point de vue de l'écrivain ; son utilisation de l'italique est aussi très habile pour rendre compte des "écrits" de Mika, car cette dernière a ce point commun avec Osorio, elle n'a jamais cesser d'écrire, des articles engagés dans des revues, des lettres et dans son journal.
Et en lisant un extrait de "Ma guerre en Espagne à moi. Une femme à la tête d'une colonne au combat", livre écrit par Mika Etchebéhère et publié par Actes Sud : "Donc je suis pour eux une femme, leur femme, exceptionnelle, pure et dure, à qui l'on pardonne son sexe dans la mesure où elle ne s'en sert pas, qu'on admire autant pour son courage que pour sa chasteté, son attitude, sa conduite. Puis-je risquer de manquer à cet engagement tacite, faire l'amour et qu'ils l'apprennent, et garder en même temps leur confiance, leur respect, cette espèce d'admiration qu'ils me vouent à l'heure de la vérité ? Eh bien, non ! Je reste ce que je suis, chaste et pure comme ils me veulent, femme ou hybride, quelle importance ! L'essentiel est de servir cette révolution avec le maximum d'efficacité et merde pour la petite secousse de la chair !". En lisant ce passage, après avoir lu le livre, je peux sentir à quel point le travail d'Osorio est formidable, elle parvient à retranscrire dans ses mots à elle, au travers de la "voix" si particulière de son personnage, la pensée d'une Mika Etchebéhère bien réelle et qui semble prendre chair devant nous.