L'œuvre de Flaubert

La nouvelle étude critique de Maurice Bardèche, consacrée à Flaubert, prend la suite des ouvrages qu'il a écrits sur Stendhal, Balzac et Proust. Appliquant la même méthode, Maurice Bardèche a cherché, dans les ébauches, dans les fragments inédits, dans le texte exact de la correspondance de Flaubert - qu'on ne peut connaître qu'en consultant les autographes - les pistes qui nous font découvrir la véritable personnalité de l'écrivain et qui expliquent ses ouvres maîtresses.
Cette tâche était particulièrement nécessaire pour avoir une image authentique et complète de Flaubert, car les ébauches et les fragments inédits qu'il a laissés, sont nombreux, et étaient restés jusqu'à présent inconnus. Éclairées par ces recherches nouvelles, la personnalité et l'ouvre de Flaubert deviennent sensiblement différentes de ce qu'on avait imaginé. Madame Bovary, L'éducation sentimentale, les Trois Contes, malgré le temps et l'application que Flaubert leur consacra, sont des ouvres d'après lesquelles on se fait de lui une idée imparfaite.
Elles expriment mal ce que Flaubert voulait mettre au centre de son ouvre, l'anathème qu'il lançait non seulement sur son siècle bourgeois, mais sur toute la civilisation issue du christianisme, que l'humanitarisme sentimental et le verbalisme du XIXe siècle avaient aggravée. La négation de Dieu et l'absurdité de l'existence sont ainsi au centre de son ouvre. Ce refus de la vie et ce dégoût du monde moderne font comprendre sa solitude volontaire et aussi l'unité de toute son ouvre.
On perçoit alors ce qui relie les ouvres de jeunesse de Flaubert, mal connues et trop dédaignées, aux grands projets de sa maturité, qui déconcertent parfois le lecteur, La tentation de Saint Antoine et Bouvard et Pécuchet. Grâce à cette interprétation nouvelle de son ouvre, on découvre que Flaubert est un écrivain très moderne, qu'il a profondément ressenti les inquiétudes et les interrogations qui sont celles de notre temps et que son refus de la vie grégaire est celui qui est affirmé aujourd'hui par tant d'hommes : les formes de leur évasion, solitude, voyages ou drogue, nous les retrouvons même chez lui.
C'est tout cela, que Maurice Bardèche a essayé de dégager en éclairant « l'ouvre de Flaubert », et en montrant que cette lecture - plus approfondie - donne également un sens nouveau à ce qu'on appelle ses chefs d'ouvre, Madame Bovary, L'éducation sentimentale ou les Trois Contes. Cette étude, qui révèle au public un grand nombre de projets généralement inconnus, est un ouvrage désormais indispensable pour la connaissance de Flaubert.