En ce temps-là, Suzanne s'appelait Mila; c'était un nom de code, son nom de résistante. Elle codait les messages et cachait des résistants. Elle était jeune, ne connaissait rien de la vie, de l'amour, mais vivait dans l'urgence comme ceux qui mettent leur vie en danger. Tout bascule le jour où elle est dénoncée et déportée. Vers où ? Nul ne le sait. L'Allemagne sans doute, un camp de travail probablement...Mila ne se doute pas qu'elle part pour l'enfer. A Ravensbrück, des milliers de femmes tentent de survivre à la faim, au froid, à la maladie, aux travaux forcés, aux brimades,
aux sévices. Mais Mila s'inquiète surtout pour le secret qu'elle cache au fond de ses entrailles, fruit d'une nuit d'abandon dans les bras d'un résistant de passage. Cet enfant qu'elle va mettre au monde est-il condamné à mort ? Non, dans le camp, Mila n'est pas un cas isolé et il existe une "nurserie", la kinderzimmer, chambre des enfants. C'est dans cette pièce sombre et gelée que Mila voit son enfant dépérir, vieillir prématurément, malgré tous ses efforts, malgré le lait offert par les autres prisonnières, malgré le temps qui joue en sa faveur, les alliés ont débarqué, la guerre touche à sa fin...
Le camp qui avilit, qui déshumanise...L'horizon qui se réduit à un quignon de pain sec...Le règne du "chacun pour soi"...Les jours rythmés par l'appel, les ordres aboyés...Le corps qui lâche, qui se vide, qui n'est plus que plaies...Les fours, les chambres à gaz, la mort partout...Et puis, comme une lueur d'espoir, la solidarité, l'amitié qui éclot, plus forte que la peur, la haine des bourreaux. Un bout de charbon que l'on vole pour réchauffer un bébé, du lait que l'on offre pour le nourrir, l'amour que l'on donne pour remplacer une mère disparue.
Kinderzimmer est une histoire souvent insoutenable qui évoque les atrocités des camps de concentration, le désarroi des détenus après la libération, leur difficile retour, portée par l'écriture incisive, sans concessions de Valentine GOBY. Un récit douloureux, éprouvant mais indispensable.
kiderzimmer
En 1944 à Ravensbrück, Mila à 22 ans, internée dans un camp de concentration majoritairement féminin ou il n'y aura pas de place pour les faibles. Mila est enceinte et ne le sait pas encore. Un espoir, une lumière qui donnera la force de survivre dans ce cauchemar. Une écriture saccadée, un ton qui ne lâche rien, des mots qui vous transpercent de toute part, qui frappent aussi fort et avec la même intensité que les coups qui sont portés sur ces femmes, dont très peu retrouveront la liberté.
Bouleversant.
Martine