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Il faut essayer d’oublier les polémiques qui ont accompagné la publication de cette œuvre sulfureuse à la fin des années 1940 pour se concentrer sur l’essentiel : J’irai cracher sur vos tombes est un formidable pastiche des thrillers américains ; ce n’est pas un brûlot misogyne et pornographique comme ont pu l’écrire les critiques de l’époque, ni un roman "assassin" - en 1947, un amant étrangle sa maîtresse et laisse près du cadavre un exemplaire du livre de Vernon Sullivan...
L’histoire est simple : le narrateur métis, blanc de peau mais possédant "un huitième de
sang noir", ne supporte pas le lynchage dont son frère a été victime à cause de sa couleur de peau… Il décide donc de se venger en s’intégrant dans la communauté blanche de Buckton en tant que libraire et en séduisant de jeunes bourgeoises représentatives de sa haine farouche... Le découpage du roman en courts chapitres participe à l’efficacité de l’intrigue et à la montée progressive de la violence et de l’intensité dramatique.
Boris Vian "traducteur" truffe son livre d’anglicismes savoureux qui renforcent l’impression d’être en présence d’une parodie de romans noirs "hard-boiled" venant tout droit des Etats-Unis ; Boris Vian "auteur" reprend des thèmes qui lui sont chers et nous offre un beau plaidoyer contre le racisme, la bêtise humaine, le puritanisme et l’injustice. Ces deux aspects font à mon sens tout le sel de ce roman incroyablement violent et cru, dérangeant. A réserver donc à un public averti.
Kafka sur le visage
J'ai longtemps refusé de lire ce livre. Le lycéen que j'étais se refusant de tomber dans le cliché de l'adulateur de Maître Boris devant lequel se pâmait nombre de mes semblables... Je l'ai ouvert par un après midi pluvieux, et je ne suis pas tombé, j'ai plongé.
Plongé dans cette histoire de vengeance d'une subtilité dérangeante derrière son style "exagérement" américain.
Le grand Boris m'avait eu.