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C'était par une journée du printemps de 1919. La campagne était verdoyante. Le brouillard du matin s'évanouissait lentement. Le hasard d'un déplacement, dans l'exercice de ma profession, m'avait conduit non loin de la ferme des Furets, et je ne pus résister au désir de voir ces lieux, où l'un de mes compagnons d'armes avait vécu quelques mois d'une vie heureuse. Chemin faisant, j'évoquais le souvenir de Lionel, que j'avais connu au Front, pendant l'hiver 1914-1915.
Il m'avait tant de fois parlé de sa ferme, de son épouse, et de sa mère, que je les connaissais sans les avoir jamais vues. Là-bas, dans la tranchée, quand une accalmie nous le permettait, il me parlait souvent de ce joli coin de campagne, où une famille vivait au sein du bonheur qu'elle s'était créé, et il me contait également sa joie d'avoir trouvé, en son épouse, la réalisation vivante de ses rêves.
C'est ainsi que, me remémorant ces entretiens, j'arrivai à la ferme. Le chien de garde ayant aboyé, Irène, "sa" femme, vint m'accueillir au seuil de la maison...
