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Un roman pornographique intelligent, sous influence échenozienne ? Et pourquoi pas ! En contrepartie, il se peut qu’on ait l’impression désagréable que son auteur souhaite toujours paraître plus malin que les autres. Mais jamais malade, jamais trop proche de Sade… L’inquiétude n’est d’ailleurs pas son objectif affiché ; au contraire, si l’on en croit le chapitre intitulé “Over”.
Le personnage de l’auteur en panne d’inspiration (cela lui pèse tant qu’elle vient de se débarrasser de son mari volage et vieillissant) écoute complaisamment la suggestion d’un
Américain dont le pragmatisme littéraire caricatural est néanmoins décomplexant. Dick Horny n’y va pas par quatre chemins : “Vous autres, profonds Européens, vous êtes fichus pour la littérature(...) incapables que vous êtes de vous libérer du poids de votre tradition. (...) Vous devriez faire comme nous, hommes nouveaux du nouveau monde, story tellers.. Ecrire de vraies histoires bigger than life, avec des personnages, une intrigue, du rythme, de l’amour, du cul. Une vision du monde. Des valeurs. Ou des contre-valeurs. Au lieu de quoi.. Vous faites des mines, vous vous regardez écrire, vous ne pensez pas une seconde à votre lecteur. Vous ne pouvez pas faire tourner une petite cuiller dans une tasse de thé à un de vos personnages sans consistance sans vous demander comment et dans quel sens Proust l’aurait fait avant vous, pas vrai ? (...) Et vous tournicotez, vous demandant, aussi bien que Roland Barthes, comment ne pas écrire le roman qu’on a toujours eu l’ambition d’écrire.” Au lieu de quoi on a entre les mains un vrai page-turner, with a european touch, don't be afraid !
L’autre personnage principal sera donc une prostituée de luxe (bon, ça, cocotte ! et il ne faudra pas lésiner sur la technique, mettre les mains dans le cambouis). Là où ça devient invraisemblable (mais quelle importance ? Bigger than life, we told you !) c’est que l’écrivain en panne tombera amoureuse de celle avec qui son mari la trompait. Et qu’elle l’encouragera à rester cette travailleuse indépendante du sexe, symbole de l’accomplissement du libéralisme, toutes les barrières morales s’effondrant sous le poids formidable du pouvoir et de la liberté que donne l’accumulation sans limite de l’argent.
L’avenir est au même (homo-), au sexe débridé et au lucre sans contrôle (“Nous pouvons tout”, proclame le magnat sud-américain du pétrole qui a fait venir dans son bordel de luxe La Joconde, installée dans un étage qui reproduit une salle du Louvre). Le vivant n'est pas en reste : Annabelle, la pute suprême, est mise aux enchères ce soir-là : un Chinois aura le privilège, payé quelques millions de dollars, de disposer d’elle pendant une semaine.
Happy end oblige, les deux femmes s’aiment vraiment et la romancière met du sien pour que cet amour fasse saillie dans le récit, s’extraie de l’emballement narratif un peu vain, de la profusion de scènes de sexe pas toujours excitantes et de la visite convenue dans la datcha de l’oligarque russe. De bien belles pages se cachent dans ce roman post-post, qu’on se le dise !
Orgie suis, j’y reste.
Un roman pornographique intelligent, sous influence échenozienne ? Et pourquoi pas ! En contrepartie, il se peut qu’on ait l’impression désagréable que son auteur souhaite toujours paraître plus malin que les autres. Mais jamais malade, jamais trop proche de Sade… L’inquiétude n’est d’ailleurs pas son objectif affiché ; au contraire, si l’on en croit le chapitre intitulé “Over”.
Le personnage de l’auteur en panne d’inspiration (cela lui pèse tant qu’elle vient de se débarrasser de son mari volage et vieillissant) écoute complaisamment la suggestion d’un Américain dont le pragmatisme littéraire caricatural est néanmoins décomplexant. Dick Horny n’y va pas par quatre chemins : “Vous autres, profonds Européens, vous êtes fichus pour la littérature(...) incapables que vous êtes de vous libérer du poids de votre tradition. (...) Vous devriez faire comme nous, hommes nouveaux du nouveau monde, story tellers.. Ecrire de vraies histoires bigger than life, avec des personnages, une intrigue, du rythme, de l’amour, du cul. Une vision du monde. Des valeurs. Ou des contre-valeurs. Au lieu de quoi.. Vous faites des mines, vous vous regardez écrire, vous ne pensez pas une seconde à votre lecteur. Vous ne pouvez pas faire tourner une petite cuiller dans une tasse de thé à un de vos personnages sans consistance sans vous demander comment et dans quel sens Proust l’aurait fait avant vous, pas vrai ? (...) Et vous tournicotez, vous demandant, aussi bien que Roland Barthes, comment ne pas écrire le roman qu’on a toujours eu l’ambition d’écrire.” Au lieu de quoi on a entre les mains un vrai page-turner, with a european touch, don't be afraid !
L’autre personnage principal sera donc une prostituée de luxe (bon, ça, cocotte ! et il ne faudra pas lésiner sur la technique, mettre les mains dans le cambouis). Là où ça devient invraisemblable (mais quelle importance ? Bigger than life, we told you !) c’est que l’écrivain en panne tombera amoureuse de celle avec qui son mari la trompait. Et qu’elle l’encouragera à rester cette travailleuse indépendante du sexe, symbole de l’accomplissement du libéralisme, toutes les barrières morales s’effondrant sous le poids formidable du pouvoir et de la liberté que donne l’accumulation sans limite de l’argent.
L’avenir est au même (homo-), au sexe débridé et au lucre sans contrôle (“Nous pouvons tout”, proclame le magnat sud-américain du pétrole qui a fait venir dans son bordel de luxe La Joconde, installée dans un étage qui reproduit une salle du Louvre). Le vivant n'est pas en reste : Annabelle, la pute suprême, est mise aux enchères ce soir-là : un Chinois aura le privilège, payé quelques millions de dollars, de disposer d’elle pendant une semaine.
Happy end oblige, les deux femmes s’aiment vraiment et la romancière met du sien pour que cet amour fasse saillie dans le récit, s’extraie de l’emballement narratif un peu vain, de la profusion de scènes de sexe pas toujours excitantes et de la visite convenue dans la datcha de l’oligarque russe. De bien belles pages se cachent dans ce roman post-post, qu’on se le dise !