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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Maurice Leblanc. Premier recueil des aventures d'Arsène Lupin, "Arsène Lupin, gentleman cambrioleur" est composé de neuf nouvelles publiées dans le mensuel "Je sais tout" entre 1905 et 1907. La première, "L'Arrestation d'Arsène Lupin", est peut-être la plus belle réussite de Maurice Leblanc, non seulement parce qu'elle impose en quelques lignes la silhouette de celui qui deviendra le plus célèbre des aventuriers, mais surtout pour sa maîtrise narrative: au terme d'un brûlant exercice en énonciation, et bien avant "Le Meurtre de Roger Ackroyd" d'Agatha Christie, c'est la grammaire qui donne la solution de l'intrigue policière.
Mais toutes les nouvelles font preuve d'une même virtuosité stylistique. Aux multiples déguisements du gentleman maître en trucages et mystifications, répondent les astuces d'un auteur habile à prendre au piège son lecteur. La figure d'Arsène Lupin n'est pas seulement celle d'un séducteur et aristocrate du crime qui envoie sa carte de visite au baron qu'il va dévaliser ("Arsène Lupin en prison") ou le prestidigitateur du cambriolage qui résout une énigme de plusieurs siècles au nez et à la barbe d'un célèbre détective ("Herlock Sholmès arrive trop tard"), mais aussi un être aux mille visages, génie de la métamorphose à l'identité toujours fugace ("L'Évasion d'Arsène Lupin", "Le Collier de la Reine", "Le Sept de cour").
Au cours de ses tribulations, le héros collectionne les identités en traversant sans peine tous les degrés de l'échelle sociale, aussi à l'aise en petit employé étriqué qu'en prince russe ("813") ou en grand d'Espagne ("Les Dents du tigre"). C'est plutôt aux lignées aristocratiques que va sa préférence, justifiant ainsi son surnom de gentleman: « Marquis, baron, duc, archiduc, grand-duc, petit-duc, contre-duc, tout le Gotha, quoi! On me dirait que j'ai été roi, ventre-saint-gris, je n'oserais pas jurer le contraire.
» Signes particuliers permettant de l'identifier: charme irrésistible (on ne compte plus ses conquêtes féminines), cour d'or (il ne vole qu'aux riches et, tel Robin des Bois, se fait le défenseur de la veuve et de l'orphelin) et surtout verve intarissable - ses tirades échevelées, alliant un lyrisme volontiers épique à la gouaille d'un gamin de Paris, sont l'un des grands attraits de la saga. Bandit dilettante, héritier des dandys nihilistes fin de siècle, aventurier mondain du Paris des années 1900, Arsène Lupin procède ici d'un anarchisme mondain caractéristique de la Belle Époque, aussi habile que primesautier.
Une légende
Je découvre avec plaisir Arsène Lupin et le légendaire héros de Maurice Leblanc est fidèle à sa réputation. Le gentleman-cambrioleur s’empare des plus beaux trésors avec classe et brio. Cette suite d’aventures nous fait découvrir différentes facettes de sa personnalité et aussi son premier méfait à l’âge de six ans. Précoce le bougre ! L’ancienneté de ce roman lui donne un charme suranné que j’ai apprécié. À l’occasion, je me laisserai tenter par un autre épisode.