Votre enfant n’est pas doué à l’école, le collège l’ennuie profondément….. Le lycée professionnel, l’apprentissage sont là, non pas comme roue de secours, mais comme découverte vers une voie royale, peut-être faite de passion !!!
Et oui, Pim est un de ceux-là. Pim s’est tenu tranquille jusqu’à la fin de la troisième, élève médiocre mais poli, discret et sans histoires. A la fin du deuxième trimestre la conseillère d’orientation lui remet une plaquette sur l’apprentissage –Pim tu sais c’est pas une voie de garage, c’est la garantie d’avoir un bon métier-,
mais Pim n’a pas d’états d’âme et la plaquette promet une formation en alternance, un CAP en deux ans après la troisième, plus de 4000 postes à pourvoir chaque année dans toutes les boucheries de France, un salaire d’apprenti qui varie entre 25 et 78 % du smic et un secteur qui ne connait pas la crise. »
De plus Pim est un manuel, c’est-à-dire qu’il est doté de longues mains pâles –de pianiste, pas de boucher, lui dit souvent son père-, aux doigts effilés, osseux et agiles. »… »Il ne le sait pas encore mais ces mains lui assureront un avenir radieux »
Voici notre Pim qui entre dans le métier de boucher comme on entre en religion, et les nouveaux convertis sont les plus assidus et les plus fervents, c’est bien connu. Pim aime la viande et Joy Sorman nous promène avec un luxe de détail sur le chemin de la viande de la ferme aux boucheries en passant par les abattoirs.
Pour assurer dans ce métier de boucher, Pim assure….. comme une bête ! « Pim se rêve chevalier viandard »
Il aime son métier, mais il aime également les bêtes au point de vouloir faire partie du troupeau. Il entrera dans la chaîne non pour y découvrir une malfaçon, mais pour refaire le parcours, reprendre le chemin aux côtés des animaux, emprunter les mêmes couloirs, les suivre à la trace….
Joy Sorman est fort bien documentée sur la technique de la boucherie, que ce soit en amont ou en aval (mais pas en avalant). Les points techniques sont précis. Patrice David qu’elle remercie, à juste titre, a été un très bon mentor en ce domaine. Le vocabulaire technique n’est pas froid, grâce à une écriture vivante, voire vibrante. J’y ai senti les odeurs, vu les gestes précis, entendu les bruits divers, le rouge est omniprésent tout comme le vert des prairies …. Et oui, ce livre grouille de tout ça et c’est vivant bien que ces animaux aillent à l’abattoir. « Comme une bête » est à faire lire dans les lycées professionnels, aux apprentis car c’est un hommage aux artisans, aux métiers manuels, à ces personnes qui comme Pim « n’a peur de rien, ni de la fatigue ni du froid ni du travail… »
Comme me l’a gentiment écrit Joyce Sorman dans sa dédicace (j’ai pu la rencontrer lors du Salon des Dames à Nevers : « un roman d’amour vache, une plongée au cœur de la chair, de l’autre côté des bêtes ».
Un livre que j’ai aimé lire sur le grill, à peine sorti du four du sac. Une lecture mitonnée aux petits oignons crus.
Un comble pour la végétarienne que je suis !
Ce livre m'a d'autant plus attiré que je me demande chaque jour pourquoi je ne supporte pas un morceau de barbak dans mon assiette. Le livre raconte la vie de Pim un jeune apprenti boucher qui se pose un millier de questions sur le rapport des hommes à la viande. Joy Sorman nous laisse entrevoir que le goût de la chair ne se confine pas au labo de la boucherie. Pim aime tripoter la viande comme il aime comparer le corps de sa petite amie avec des morceaux de viande choisis. L'auteur nous montre un univers qui nous est inconnu, celui des abattoirs. Les personnes qui y travaillent contribuent à nourrir le monde mais on ne parle jamais d'elles. Elles vivent dans un monde clos, interdit. Pour une fois, on leur donne la parole. Si j'ai appris beaucoup de choses sur les bouchers, les abattoirs et la viande, je n'ai toujours pas le goût de croquer dans un steak bien saignant. Car ce n'est pas un aliment que j'y vois mais un être vivant.