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La portée du présent ouvrage se réduit à une simple thèse, que l'auteur a défendue en 1941 dans Criterium. En janvier-février de cette année, parut
un article dans cette revue néerlandaise, intitulé : " Arthur Rimbaud en het auteurschap ", où M. de Graaf s'est évertué à démontrer que Rimbaud,
durant toute sa vie, est demeuré, virtuellement, un écrivain, et que, jusqu'à sa mort prématurée, il a persisté à se conformer à cette idée préconçue, en se comportant comme un lettré.
En 1948, l'auteur publia une étude plus fouillée où il souligna encore
l'affirmation susdite, en l'intitulant : " Arthur Rimbaud et la durée de son activité littéraire ". Ici il mit l'accent sur la date où à son avis cessa
l'inspiration littéraire du poète. Ce point de vue, que partagea le regretté Bouillane de Lacoste, fut
bientôt abandonné, et dès 1950, l'auteur publia, en même temps que M. Antoine Adam, professeur à la Sorbonne, un article sur les Illuminations, dans la Revue des Sciences Humaines (numéro d'octobre-décembre).
Le Français se reportant uniquement à la critique interne, le Hollandais appuyant son argumentation de documents ignorés, ils se sont
avisés tous deux de prouver que la fin de l'activité créatrice de Rimbaud ne se place pas en 1875, mais qu'il nous faut la remettre vers les années 1878-79, donc vers l'époque où eut lieu le départ définitif de l'homme aux semelles de vent pour l'Afrique. Or, à leur avis, Rimbaud jeta la plume, comme Bouillane de Lacoste l'avait déjà rendu plausible, après l'achèvement des Illuminations en question, série de fragments, laquelle, pour la plus grande partie, a été
composée après Une saison en enfer, œuvre qu'on ne saurait plus considérer, évidemment, comme le testament littéraire du Voyant.
Voilà l'appréciation que M. de Graaf, ayant recours à de nouveaux
documents, a soudoyée dans Arthur Rimbaud, sa vie, son œuvre, titre qui implique la suggestion : œuvre à laquelle Rimbaud aurait voulu vouer toute sa vie. En attendant, Rimbaud s'est présenté dans telles tribus abyssines comme poète improvisateur devant les wahabis (musulmans exaltés). Cette dernière découverte, à laquelle l'auteur arrive par voie d'analogie, confirme, d'une façon imprévue, l'hypothèse qu'il a établie il y a quelque vingt ans, et ne laissera pas de conférer une nouvelle orientation aux recherches rimbaldiennes actuelles.