Se taire pour une femme trop belle

Dans une époque marquée par les expérimentations sonores des années 70, l'album mystérieux de Fille Qui Mousse nous plonge dans un univers musical tout à fait énigmatique. Une expérience auditive complexe et éclatée qui défie toute tentative de compréhension ou de concentration. Dès les premières notes de l'album, intitulé Quatrième Episode, on est immédiatement frappé par la diversité des méthodes expérimentales employées par le groupe.
Les morceaux se succèdent, chacun apportant son lot de surprises. D'un côté, on découvre des rythmes uptempo et des jeux d'ombre et de lumière dans Cantate Disparate. De l'autre, une improvisation de piano d'une sécheresse absolue dans Transcription Interrompue, ou encore un rythme percussif sombre émergeant des ténèbres dans Fraîcheur Et Amalgame. Cependant, le moment fort de cet opus survient avec Esplanade, un morceau qui séduit par sa sensualité féminine, ses hurlements de chiens tragiques et ses étranges effets de synthétiseur.
Plus de cinq minutes d'une immersion totale dans un abîme sonore infernal. Il n'est pas étonnant que ce titre ait pu inciter à l'achat de l'album. La quête d'humanité excentrique se poursuit avec Quatrième Episode, un appel hypnotique qui avance doucement. Cependant, la piste suivante, Transplantation, reste énigmatique avec ses rires électriques et ses bruits de morts, suscitant des questionnements quant à sa signification.
La deuxième moitié de l'album rappelle l'expérience sonore de Essais de Semool, notamment avec la huitième piste, Antinomique, basée sur un solo de violon tranchant et une percussion électrique. Enfin, le dernier morceau, L'eau Etait Vitale, semble marquer un retour à une certaine normalité, faisant écho à la première piste tout en plongeant dans les abysses de la profondeur. Dès les premières notes, il devient évident que cet album appartient au genre du Krautrock.
Il est considéré comme un véritable chef-d'oeuvre de ce courant musical. Fille qui Mousse a su créer une expérience sonore inédite, défiant les conventions musicales et transportant l'auditeur dans un univers musical aussi énigmatique que fascinant. Une oeuvre qui mérite amplement sa place au panthéon du Krautrock.