Les démocrates du monde entier ont perdu leurs illusions sur la Turquie. Cette république laïque est devenu depuis quelques années le laboratoire d’une dictature rampante : recul de la laïcité, judiarisation de la vie politique, état de plus en plus policier, décapitation de la hiérarchie militaire, emprisonnement d’écrivains et de policiers. Ce qui arrive en Turquie est une catastrophe, un exemple parfait de ce qu’un cocktail de populisme et de ce que Nieztsche appelait la moraline – en Turquie ce poison qui consiste à tourner le dos à Ataturk pour donner l’ascendant
au religieux, en d’autres termes une sortie programmée de la modernité – peut produire sur une société.
“Taksim moonwalk” de l’écrivain turc Emrah Serbez revient sur des événements qui marquèrent son pays il y a quelques années au moment des manifestations stambouliotes en 2013 et auxquelles l’auteur a participé activement en tant qu’opposant au régime du président Erdogan. Le roman qu’il nous propose est, à ce titre, exemplaire de l’incroyable modernité de la littérature turque. Serbez nous propose une fable déjantée dont les deux protagonistes sont un frère et une soeur encore adolescents à qui il arrive une incroyable histoire qui les emmènera aux portes de la célébrité. Çaglar et Çigdem n'ont qu’eux mêmes comme famille, leur père est parti, leur mère est dépressive et leur oncle glisse sur toutes les mauvaises pentes du politicien véreux. Le chemin vers la gloire des deux adolescents va être interrompu par le surgissement de l’Histoire à travers la révolte stambouliote que l’écrivain peint avec un grand sens de la mise en scène. On découvre les nuits d’ivresse, les manifestations et la répression par les forces anti-émeutes. On se laisse rapidement emporter par cet hymne à la liberté magnifiquement traduit par Ali Terzioglu et Jocelyne Burkmann.
Ce nouvel ouvrage publié par les éditions Belleville confirme une ligne éditoriale originale et passionnante. “Taksim moonwalk” est un roman qui confirme la bonne santé de la littérature turque visiblement mieux inspirée que les politiques. Cerise sur le gâteau on trouve une série de balises dans l’ouvrage qui permettent, au lecteur qui le souhaite, d’éclairer certains points du récit à partir de mots clés renvoyant à un site internet dédié. Un roman à découvrir absolument !
Archibald PLOOM
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Les démocrates du monde entier ont perdu leurs illusions sur la Turquie. Cette république laïque est devenu depuis quelques années le laboratoire d’une dictature rampante : recul de la laïcité, judiarisation de la vie politique, état de plus en plus policier, décapitation de la hiérarchie militaire, emprisonnement d’écrivains et de policiers. Ce qui arrive en Turquie est une catastrophe, un exemple parfait de ce qu’un cocktail de populisme et de ce que Nieztsche appelait la moraline – en Turquie ce poison qui consiste à tourner le dos à Ataturk pour donner l’ascendant au religieux, en d’autres termes une sortie programmée de la modernité – peut produire sur une société.
“Taksim moonwalk” de l’écrivain turc Emrah Serbez revient sur des événements qui marquèrent son pays il y a quelques années au moment des manifestations stambouliotes en 2013 et auxquelles l’auteur a participé activement en tant qu’opposant au régime du président Erdogan. Le roman qu’il nous propose est, à ce titre, exemplaire de l’incroyable modernité de la littérature turque. Serbez nous propose une fable déjantée dont les deux protagonistes sont un frère et une soeur encore adolescents à qui il arrive une incroyable histoire qui les emmènera aux portes de la célébrité. Çaglar et Çigdem n'ont qu’eux mêmes comme famille, leur père est parti, leur mère est dépressive et leur oncle glisse sur toutes les mauvaises pentes du politicien véreux. Le chemin vers la gloire des deux adolescents va être interrompu par le surgissement de l’Histoire à travers la révolte stambouliote que l’écrivain peint avec un grand sens de la mise en scène. On découvre les nuits d’ivresse, les manifestations et la répression par les forces anti-émeutes. On se laisse rapidement emporter par cet hymne à la liberté magnifiquement traduit par Ali Terzioglu et Jocelyne Burkmann.
Ce nouvel ouvrage publié par les éditions Belleville confirme une ligne éditoriale originale et passionnante. “Taksim moonwalk” est un roman qui confirme la bonne santé de la littérature turque visiblement mieux inspirée que les politiques. Cerise sur le gâteau on trouve une série de balises dans l’ouvrage qui permettent, au lecteur qui le souhaite, d’éclairer certains points du récit à partir de mots clés renvoyant à un site internet dédié. Un roman à découvrir absolument !
Archibald PLOOM