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Au printemps de 1929, l'archéologue Claude Schaeffer découvrait en Syrie, sur le site de Ras Shamra, un ensemble de tablettes et de fragments inscrits dans une écriture cunéiforme encore jamais rencontrée. En septembre 1930, trois savants, Hans Bauer à Halle, Charles Virolleaud à Paris, Edouard Dhorme à Jérusalem, réussissaient à décrypter ces signes, identifiant l'écriture alphabétique d'une nouvelle langue sémitique qu'ils appelèrent ougaritique, d'après le nom antique de la cité.
Le quatre-vingtième anniversaire de ce déchiffrement offrait une belle occasion de déployer l'éventail des recherches en cours sur le fabuleux royaume d'Ougarit, tant aux plans historique et économique que politique et artistique, confirmant le caractère unique de cette civilisation qui, malgré la multiplicité de ses composantes, avait su garder une identité forte. Huit langues et cinq systèmes d'écriture y sont attestés.
A côté des nombreuses inscriptions en langue locale et en akkadien — la lingua franca de l'époque -, les textes en hourrite, en égyptien, en hittite, en louvite ou, plus mystérieux, e.n caractères chypro-minoens encore non complètement déchiffrés, les signes et les mots, la sculpture et l'architecture, dessinent le paysage fascinant d'Ougarit, "porte méditerranéenne de l'Asie".