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Idiopathie [idjopati] n f : Maladie ou état qui apparaît spontanément ou dont la cause est inconnue. Qui va mal dans le roman de Sam Byers ? Tout le monde, à commencer par Katherine, qui n’aime rien ni personne, et surtout pas elle-même. La trentaine, coincée dans un job minable, enchainant les déceptions amoureuses, elle se demande s’il n’est pas temps de tirer un trait sur les hommes, et sur le bonheur en général.
Ou bien Daniel, son ex, qui semble avoir tout pour lui : il vit confortablement avec Angelica, sa nouvelle petite amie, et occupe un poste important dans une unité de recherche biologique. La vie en rose, peut-être, mais sous la perfection des apparences, quelque chose cloche sérieusement. Ou encore Nathan, qui fut leur ami proche, et qui se remet d’un séjour en hôpital psychiatrique, épisode douloureux dont sa mère s’est emparée sans scrupule pour écrire un témoignage en passe de devenir un bestseller.
Avant, Katherine, Daniel et Nathan étaient heureux — c’est-à-dire malheureux, mais au moins, ils l’étaient ensemble. Lorsque Nathan réapparaît après une longue absence, il provoque des retrouvailles forcées, une soirée à trois qui ne peut que mal finir tant il y a de comptes à régler. Et les vaches dans tout ça ? Elles vont mal elles aussi, succombant à une étrange épidémie dont les symptômes, tels que tristesse et éloignement du troupeau, ne sont autres qu’une métaphore du malaise général.
Idiopathie est une comédie cinglante qui dresse le portrait d’une génération — les trentenaires des années 2000 — et d’une société — la leur, la nôtre — à la dérive. Styliste hors pair et maître dans l’art de l’autodérision, Sam Byers dissèque les failles d’une époque qui se laisse aller à la mélancolie, même si ce n’était guère mieux avant.
Une comédie cynique et grinçante sur les travers égocentriques des trentenaires bobo
[...] Individualistes, pleins d’éthiques et de principes écologiques mais consuméristes et égocentriques, voilà le portrait que brosse Sam Byers des trentenaires d’aujourd’hui. Malades d’amour et de solitude, ils se voilent la face et se couvrent de non-dits. Idiopathie est une remarquable dissection des comportements et des mécanismes de défense que le lecteur n’aurait pas soupçonné en lui-même. Les Anglais en prennent aussi un coup, tout comme le voyeurisme à la télévision et le moutonisme des goûts. Mais la force de ce roman est son cynisme particulièrement drôle, exacerbé par de longues phrases denses et souvent disgressives et des dialogues qui claquent.
L’histoire, resserrée sur ses personnages particulièrement fouillés, manque pourtant d’élan pour parvenir jusqu’à son terme, même si ce resserrement illustre justement l’individualisme. Si le roman, construit comme une comédie sentimentale, commence en force, il souffre quand même d’un rythme inégal, car la dernière scène intervient trop tard dans la narration. Malgré un début en force avec le personnage de Katherine, l’histoire s’étire en longueur et la narration se dilate à l’excès. Toutefois le cynisme, le style et de nombreux passages savoureux rattrapent l’ensemble : Idiopathie est un premier roman amusant et grinçant.
Le début de l'article sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/idiopathie-sam-byers-a106411928