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La Troisième République est issue du subtil creuset de l’alchimie d’un siècle composite. Régime palimpseste – mais nourri de tant de textes effacés –, elle semble sortir, dans la contradiction, du difficile estompage, mais aussi du dépassement intégrateur des expériences nombreuses et souvent douloureuses, de quatre-vingts années tumultueuses. Ce livre est une enquête. Son propos est de favoriser l’intelligence de l’articulation de la législation – législation « constitutionnelle » ou législation « ordinaire » – avec la structuration « partisane » de l’Assemblée nationale de 1871, elle-même adossée à une sorte de « pluralité des mondes » épanouie en une pluralité de lieux.
Ainsi se dessine une vue plus « réaliste » du monde institutionnel. Une telle perspective ne tend pas pour autant à sous-estimer le poids propre de la technique et de la procédure dans le monde légal : quelles que soient les conditions extralégales qui pèsent sur leur mise au point, au fil de la délibération, à l’intérieur ou hors du milieu nullement clos d’une chambre parlementaire, leur cristallisation opère en retour et contribue à modifier ou à infléchir ces conditions.
Cette démarche ne néglige pas davantage la force propre des logiques parlementaires, proprement politiques : si divers soient les mondes qu’une assemblée réunit, les réunissant elle les modifie jusqu’à un certain point ; c’est ainsi que peut éclore la possibilité de transactions véritablement politiques dont la probabilité eût été mince en dehors d’une telle enceinte obligeant à la délibération, astreinte à trouver des majorités, exerçant sans cesse à cette fin un esprit de combinaison dans le meilleur sens du terme, non sans, parfois, on le vérifiera, des surprises.
D. G.