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Depuis deux ans, le paysage politique italien a considérablement changé. Cependant, même si, aux élections législatives de 1994, l'écroulement des partis traditionnels a conduit à une alternance singulière entre "anciens" et "nouveaux" conservateurs, le cadre institutionnel demeure identique. Née en 1948, la première République italienne survit aux tempêtes politico-judiciaires et à la fin du régime démocrate chrétien.
Une fois de plus, analyses et prévisions ont été démenties. Très différente des stéréotypes tenaces qui l'accompagnent, l'Italie a brûlé en quelques décennies les étapes d'une transformation radicale. Pays pauvre et arriéré en 1945, elle est passée au cinquième rang des puissances industrielles de l'OCDE. Libéralisation, urbanisation, développement économique, sécularisation et mutations sociales ont accompagné l'évolution de la République.
Solidement ancrée dans la démocratie, elle est fermement convaincue de l'intérêt d'appartenir à l'Europe. Une progression aussi rapide n'a pu se réaliser sans heurts ni dangers. L'Etat italien a vaincu le terrorisme des années 1970 et, plus récemment, remporté d'importants succès dans la lutte contre la criminalité organisée, mais la "question méridionale" persiste avec des déséquilibres politiques, économiques et sociaux toujours sans réponse.
Discontinuités, contrastes et paradoxes de l'histoire italienne façonnent une image complexe, composite, parfois contradictoire, mais toujours fascinante.