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Iouri Riabinkine a quinze ans lorsqu'il entame son journal, le 22 juin 1941, premier jour de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne ; le 8 septembre débute le siège de Leningrad, l'un des plus terribles du XXe siècle. Jour après jour, pendant trois mois, l'adolescent donne à voir une plongée dans l'horreur : la ville assiégée, les bombardements, la faim, le froid, les privations et une insidieuse déshumanisation.
Né le 2 septembre 1925, Iouri vit à Leningrad avec sa mère et sa soeur cadette. Au début de la guerre, la famille choisit de rester dans la ville assiégée. Souffrant de problèmes de santé, l'adolescent ne peut se porter volontaire pour le front. Le 8 janvier 1942, sa mère et sa soeur sont évacuées, mais malade et à bout de forces, Iouri reste à Leningrad. Le 6 janvier 1942, ses notes s'interrompent tragiquement : "Mon Dieu, qu'est-ce qui m'arrive ? Et maintenant, je, je, je...".
Les journaux intimes rédigés au coeur du siège de Leningrad sont peu connus en France. Malgré sa brièveté, celui de Iouri Riabinkine illustre le calvaire de la population durant cette interminable épreuve collective. C'est "une histoire du siège vue de l'intérieur, au jour Le jour, à échelle humaine. Il nous montre sans fard, par-delà les lignes sèches des livres d'histoire, ce que signifie vivre et mourir en temps de crise.
Il nous fait entrer dans un quotidien tendu vers la lutte pour la survie. En nous dévoilant la dimension psychologique d'une catastrophe humaine, le journal de houri revêt véritablement une portée universelle", souligne Sarah Gruszka dans sa préface.
Le siège de Leningrad
D’une ingénuité glaçante, une vibrante immersion dans le cœur mourant de Leningrad par temps de siège, où la faim tenaille et le froid mord, où les lendemains heureux paraissent des lieux inexistants, un récit de l’effroi, le témoignage terrible et poignant d’une vie sous les bombes, d’une vie affamée.
Où l’esprit naïf et alerte, peu à peu, laisse place à un engourdissement fatidique, une mélancolie lourde.
C’est ce qu’il y a de plus fort dans ce texte : cette voix qu’on sait réelle, cette voix d’un jeune homme qui voit sa vie cassée à jamais, la culpabilité qu’il ressent lorsqu’il mange quelques miettes de plus que sa sœur, la place que prend la faim dans son esprit, oblitérant tout le reste. Cette force de la vérité dans l’horreur.
Bouleversant, le chant mortifère de ce qu’est la guerre pour ceux qui la subissent. Pétrifiant de voir ces humanités brisées, ces vies volées par la barbarie.
Impossible de ne pas se sentir profondément marqué par ce journal qui s’arrête si brutalement.