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Depuis la fin de la guerre froide, les termes "massacre", "bain
de sang" et "génocide" ont massivement fait irruption dans le
vocabulaire des relations internationales. Ils sont devenus
essentiels à la justification des interventions militaires
occidentales, que ce soit au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine,
en Irak ou en Libye. En politique, rappellent Edward S.
Hermon et David Peterson, les mots ne sont pas innocents.
Le
sens qu'on leur donne est fonction des buts que l'on poursuit et
des intérêts que l'on défend. En étudiant de manière rigoureuse
l'usage de ces trois termes dans les discours officiels et les
médias, les auteurs démontrent qu'ils sont principalement
utilisés pour qualifier les agissements de pays qui, d'une
manière ou d'une autre, sont en conflit d'intérêts avec les
Etats-Unis. Très rare est leur usage pour parler des exactions
commises par ces derniers et leurs alliés.
Que faut-il en
conclure ? Qu'en plus de leur précision chirurgicale, les
missiles américains ont la faculté de juger du bien pour ne
s'attaquer qu'à l'infâme, au vil, ou néfaste ? Ou alors, que la
"responsabilité de protéger", évoquée pour justifier les
interventions militaires à vocation "humanitaire" de
l'Occident, n'est que le nouvel emblème d'un impérialisme
plus vigoureux que jamais ?