Yves Rouvre

Fils d'un peintre renommé, fin et sensible, surtout paysagiste, qui lui inculque très tôt le goût de la nature, Yves ROUVRE(1910-1996), a choisi comme pseudonyme l'un des noms du chêne, le roi des arbres, pour affirmer son amour du règne végétal. Durant sa période de formation, il fréquente le groupe Bazaine, Manessier, Le Moal, avant de se tourner vers Giacometti et Tal Coat, ses aînés tutélaires. Les vicissitudes de la guerre le conduisent en Tunisie, où il se marie et séjourne plusieurs années, envoûté par la beauté naturelle et la richesse artistique de cette contrée méditerranéenne aux multiples stratifications. Il est le peintre attitré du fameux Service d'architecture et d'urbanisme créé par Zehrfuss. En 1949, il effectue une mission de neuf mois à travers l'ancienne Indochine, dont il subit aussi l'empreinte profonde, vastes espaces tropicaux et civilisation khmère. A son retour, il rejoint son ami Tal Coat à Château-Noir, près d'Aix-en-Provence sur le terroir de Cézanne. Il a aussi pour voisin André Masson, qui l'encourage et le fait entrer en 1953 chez Kahnweiler, à la Galerie Louise Leiris, où ses expositions sont présentées par le poète Georges Limbour et Jean Tardieu. En 1954, il parcourt la Grèce et acquiert une maison rurale dans le Var, près de Bandol, refuge de calme et de travail entre la mer et la forêt, ses sources inspiratrices. Son oeuvre est un épanouissement continu qui se fonde sur la pratique de l'aquarelle et sa transposition en peinture, sans jamais perdre " l'émerveillement premier " ni la fluidité de la matière... Il consacre des cycles importants au miroitement des eaux, avec ou sans baigneuse, à la fulgurance des soleils, aux entrelacs de végétations. Après avoir peint séparément les éléments naturels, il les unifie et les exalte en un grand souffle cosmique sur des rythmes ascendants, transversaux, tourbillonnants. L'élargissement de l'espace entraîne l'intensification de la couleur et de sa résonance lumineuse.