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Où est l’ailleurs aujourd’hui dans le village planétaire que visitent les téléspectateurs des documentaires et des chaînes de voyage, les nomades organisés ou les aventuriers à la saison ? Où est l’ailleurs à l’ère des satellites, de l’information continue et des réseaux sociaux ? Au temps revenu des grandes migrations ? Peut-être dans l’ambiance de pays qui n’existent pas mais où mène la première phrase venue, celle qui trotte dans la tête et invite à poursuivre.
"Les mots m’ont pris par la main", chante Aragon dans "Le Roman inachevé" : le désir d'aventure naît du langage et des lectures de ses grands explorateurs, de Voltaire à Henri Michaux. Vingt-cinq pays imaginaires, vingt-cinq improvisations humoristiques, parfois grinçantes, sans plan établi mais avec la géographie des préoccupations du temps : le travail, l’économie, l’argent, l’identité, la violence, le désir, l’étranger, la peur, la croyance… Ces voyages intérieurs accomplis dans le bruissement des mots sur le monde en portent sa part d'ombre : "L’humus du rêve sous le tapis des feuilles.
Un réel décomposé." Peu de descriptions de lieux, mais plutôt une présentation de moeurs qui n’ont de barbare que leur outrance. Pour le reste une humanité pas si lointaine que ça.
