Michel Bernard, l’un des grands spécialistes de la première guerre mondiale et l’auteur du remarquable “La tranchée de Calonne” , nous propose un magnifique album de clichés d’époque intitulé “Visages de Verdun” qui sont autant d’hommages aux combattants de ce qui fut, à l’époque, la mère de toutes les batailles. Entre février et décembre 1916 six cent mille combattants disparurent dans la fournaise de ce coin de Lorraine sur lequel le commandement allemand décida d’engager l’essentiel de ses forces pour ouvrir une brèche et saigner à blanc l’armée française.
Depuis c’est une expression qu’on évite d’employer parce que les deux armées furent également saignées. A Verdun une relation particulière se noua entre les combattants français et allemands, une relation construite autour d’une commune souffrance. Bernard évoque les noms de ces lieux qui sont autant de blessures qui saignent encore sur les monuments aux morts: Le Mort Homme, Douaumont, la cote 304, Vaux, Fleury, le bois des Caures.
Les clichés photographiques sont pour la plupart inédits : troupe en mouvement à pied ou à cheval , transports ferroviaires, tirailleurs algériens au repos, canonniers marins servant une grosse pièce d’artillerie, blessé recevant des soins dans un poste de secours …. Les visages sont sévères, parfois hagards, on décèle la fatigue, l’épuisement, les tympans saturés d’explosions incessantes et les yeux abimés par les visions d’horreur. Une photo terrible et pourtant presque champêtre : celle de de ces tirailleurs algériens dans le secteur du Mort-Homme assis à côté du corps de leurs camarades. On pense au “Dormeur du val “ de Rimbaud à travers ces visages d’enfants vieillis prématurément par la guerre. Sur une double page on découvre le sol lunaire qui entourait le fort de Douaumont exactement en face de celui de Vaux. On est ému parce que tous ces visages que le noir et blanc ou le sépia des clichés nous renvoie, et bien tous ces visages on les as déjà rencontré un jour et c’est peut être le meilleur de cet ouvrage : nous rendre cette guerre infiniment prôche.
Le texte de Michel Bernard apporte le complément indispensable à cette traversée de Verdun, on entend la herse hurlante de l’artillerie, on découvre la torture de la soif des combattants, on est pris de haut le coeur quand on passe près des foyer d’infection, fangeux et nauséabonds, on patauge dans les cloaques… On se demande comment certains soldats arrivaient encore à sourire au photographe. On ressort de cet ouvrage comme on revient de l’enfer et on se dit que ces hommes, eux, l’ont vraiment vécu.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
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Michel Bernard, l’un des grands spécialistes de la première guerre mondiale et l’auteur du remarquable “La tranchée de Calonne” , nous propose un magnifique album de clichés d’époque intitulé “Visages de Verdun” qui sont autant d’hommages aux combattants de ce qui fut, à l’époque, la mère de toutes les batailles. Entre février et décembre 1916 six cent mille combattants disparurent dans la fournaise de ce coin de Lorraine sur lequel le commandement allemand décida d’engager l’essentiel de ses forces pour ouvrir une brèche et saigner à blanc l’armée française. Depuis c’est une expression qu’on évite d’employer parce que les deux armées furent également saignées. A Verdun une relation particulière se noua entre les combattants français et allemands, une relation construite autour d’une commune souffrance. Bernard évoque les noms de ces lieux qui sont autant de blessures qui saignent encore sur les monuments aux morts: Le Mort Homme, Douaumont, la cote 304, Vaux, Fleury, le bois des Caures.
Les clichés photographiques sont pour la plupart inédits : troupe en mouvement à pied ou à cheval , transports ferroviaires, tirailleurs algériens au repos, canonniers marins servant une grosse pièce d’artillerie, blessé recevant des soins dans un poste de secours …. Les visages sont sévères, parfois hagards, on décèle la fatigue, l’épuisement, les tympans saturés d’explosions incessantes et les yeux abimés par les visions d’horreur. Une photo terrible et pourtant presque champêtre : celle de de ces tirailleurs algériens dans le secteur du Mort-Homme assis à côté du corps de leurs camarades. On pense au “Dormeur du val “ de Rimbaud à travers ces visages d’enfants vieillis prématurément par la guerre. Sur une double page on découvre le sol lunaire qui entourait le fort de Douaumont exactement en face de celui de Vaux. On est ému parce que tous ces visages que le noir et blanc ou le sépia des clichés nous renvoie, et bien tous ces visages on les as déjà rencontré un jour et c’est peut être le meilleur de cet ouvrage : nous rendre cette guerre infiniment prôche.
Le texte de Michel Bernard apporte le complément indispensable à cette traversée de Verdun, on entend la herse hurlante de l’artillerie, on découvre la torture de la soif des combattants, on est pris de haut le coeur quand on passe près des foyer d’infection, fangeux et nauséabonds, on patauge dans les cloaques… On se demande comment certains soldats arrivaient encore à sourire au photographe. On ressort de cet ouvrage comme on revient de l’enfer et on se dit que ces hommes, eux, l’ont vraiment vécu.
ARCHIBALD PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)